SUR certains rayonnages de pharmacie, il y avait depuis bien longtemps, à boire et à manger… Comprenez, des compléments alimentaires et autres formules nutritives de toutes sortes. Des poudres à faire maigrir, des capsules à embellir ou des gélules qui promettaient une guerre sans pitié au maudit cholestérol… Mais l’heure du grand ménage a sonné ! Et c’est l’Europe qui se charge de la besogne. Depuis le 14 décembre dernier, 222 allégations de santé, et pas une de plus, sont désormais autorisées sur les emballages. À boire et à manger en pharmacie, oui, mais pas n’importe quoi ! Les laits du pharmacien, plutôt destinés aux situations particulières, gardent pour leur part toute légitimité. De même que les produits sans sucre dédiés aux diabétiques. Le grand ménage européen n’aura pas tout nettoyé. Et c’est heureux !
Des algues dans vos assiettes ? Ce n’est pas la mer à boire, mais à manger, oui. Les Japonais en raffolent déjà. Et les nutritionnistes affirment avec le plus grand sérieux que cette ressource alimentaire pourrait bien, demain, constituer une arme contre la malnutrition. Et ce, même au cœur de l’Afrique, comme au Burkina Faso qui n’a aucune frontière maritime, où la culture de la spiruline est réalisée en bassin d’eau douce.
À boire et à manger ? Le chimiste Hervé This nous y invite à une table en forme de paillasse. L’étonnant magicien des goûts et des saveurs nous emmène dans un voyage conceptuel où la gastronomie moléculaire a cédé le pas à la cuisine note à note. « Cette dernière est à la cuisine classique ce que la pharmacie moderne est à l’usage de plantes pour se soigner », explique-t-il au « Quotidien » avant de citer le grand maître Hippocrate : « De tes aliments, tu feras ta médecine ». À boire et à manger en officine ? Finalement, pourquoi pas.