Pour quelles raisons le pelage d’un chien peut-il sentir mauvais ?
Pour bien comprendre l’origine d’une odeur désagréable du pelage, il est utile de se remettre en mémoire quelques notions de physiologie cutanée. Les glandes sébacées sont présentes sur l’ensemble de la peau du chien (sauf la truffe et les coussinets plantaires) avec une densité de 100 à 500 follicules pilosébacés, bien supérieure à celle observée chez l’Homme. Elles sécrètent le sébum qui constitue environ 90 % du film lipidique recouvrant la peau et le pelage. Les 10 % restant sont principalement constitués par les sécrétions des glandes sudoripares, les lipides épidermiques et les squames (« pellicules » éliminées régulièrement avec le renouvellement cellulaire cutané). Les troubles kérato-séborrhéiques affectant le cycle de renouvellement de la peau (avec notamment du squamosis) et la production de sébum sont souvent à associés à une mauvaise odeur.
Les états kérato-séborrhéiques (EKS) peuvent avoir diverses origines : ils peuvent être liés à un trouble primaire de la kératinisation ou être secondaires à une dermatose sous-jacente (parasites externes, dermatite allergique, pyodermites, etc.). Un diagnostic vétérinaire est donc indispensable et permettra un traitement étiologique adapté, pratiquement toujours associé à un traitement topique local.
Pour simplifier, retenons la séborrhée grasse qui se caractérise par un excès de production de sébum avec une peau huileuse et un poil gras malodorant et la séborrhée sèche associée à un important squamosis (pellicules dans les poils) et une peau sèche. Ces deux types peuvent plus ou moins se combiner chez certains chiens.
Quel est l’intérêt des shampooings et comment bien les utiliser ?
De manière générale, le traitement spécifique de la cause de l’EKS est complété par un traitement topique, le plus souvent sous forme de shampooing. À lui seul, un shampooing antiséborrhéique permet d’améliorer rapidement l’aspect cutané, d’éliminer les squames et le sébum produits en excès (mais ne traite pas la cause).
Lorsque le traitement spécifique est topique, il sera précédé d’un lavage de la peau avec un nettoyant topique. Pour les shampooings à double action (à la fois nettoyante et thérapeutique), on recommande 2 applications. Lors de la seconde application, on laissera agir le shampooing entre 5 et 15 minutes avant de le rincer abondamment pendant 5 minutes. Au début, le shampooing peut être appliqué 2 à 3 fois par semaine pendant 2 semaines, puis on réduira la fréquence à 1 fois par semaine, puis 1 fois toutes les 2 semaines si l’amélioration constatée est plus durable (car il faut imaginer que ce n’est pas forcément simple pour le propriétaire de laver son chien son fréquemment !).
Certaines spécialités sont présentées sous forme de shampooings secs sans rinçage (ex. Biocanina shampooings sec) : l’élimination des squames et de l’excès de poudre s’effectue alors par brossage.
Quels sont les critères de choix des shampooings ?
La formulation des shampooings antiséborrhéiques associe traditionnellement :
1. Des agents kératomodulateurs (kératolytiques qui augmentent la desquamation ou kératoplastiques qui restaurent un cycle normal de kératinisation) parmi lesquels :
• Acide salicylique (kératolytique à effet hydratant), recommandé dans les séborrhées sèches (ex Sébolytic, Biocanina Shampooing sec) ;
• Goudron de houille, (kératoplastique) recommandé dans les séborrhées grasses (ex Sébolytic) ;
• Soufre et disulfure de sélénium : combinent des effets kératolytique, kératoplastique et antiséborrhéique.
2. Des agents antiséborrhéiques :
• Peroxyde de benzoyle (ex. Paxcutol, Sebodex),
• Soufre et disulfure de sélénium.
3. Des acides gras essentiels constitués de molécules à longues chaînes polyinsaturées, qui ne sont pas synthétisables par les animaux :
• Acide linoléique (oméga 6),
• Acide alpha linolénique (oméga 3)
• Acide arachidonique (oméga 6).
Les shampooings dermatologiques et/ou antiséborrhéiques spécialement formulés pour chiens s’avèrent particulièrement utiles
Certaines formulations pourront aussi inclure des agents hydratants (utiles lors de séborrhée sèche) et émollients, notamment lipidiques comme les huiles végétales (coco, olive, sésame), la lanoline, les huiles minérales (paraffine, vaseline) ou non lipidiques (ex. acide lactique, glycérine, propylène glycol, urée, chitosanide…) qui réduisent les odeurs et améliorent l’aspect du pelage sans effet gras.
À titre d’exemple, Allerderm shampooing peau sèche et squameuse (urée, glycérine) peut être utilisé fréquemment et Calmocanil (urée, glycérine, Aloe vera) associe plusieurs hydratants et émollients non lipidiques sous forme spray.
Les shampooings dermatologiques et/ou antiséborrhéiques spécialement formulés pour chiens s’avèrent particulièrement utiles pour lutter contre les pelages malodorants. Leur fréquence sera à adapter selon la situation : 2 à 3 fois/semaine en phase initiale durant 2 semaines puis 2 à 4 fois/mois en phase d’entretien.
Toutefois il ne faut pas oublier qu’il est nécessaire que le vétérinaire ait, au préalable, établi le diagnostic et traité les pathologies cutanées sous-jacentes éventuelles afin d’assurer une amélioration durable de ce problème, faute de quoi les shampooings seuls ne permettront pas de résoudre la mauvaise odeur.
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