En colère de ne pas pouvoir commander des vaccins cette semaine pour vacciner la semaine suivante, un médecin de la Marne explique qu’il administre désormais une demi-dose du vaccin AstraZeneca pour la première injection à ses patients. Et qu’il obtient des doses supplémentaires grâce à des seringues adaptées et en mélangeant les fonds de flacons d’un même lot.
La colère est décidément mauvaise conseillère. Jean-Yves Schlienger, médecin généraliste à Cormicy (Marne) et adhérent de la Fédération des médecins de France (FMF), est furieux de la décision du gouvernement d’avoir réservé les commandes de vaccins à réaliser cette semaine pour réception la semaine suivante aux seuls pharmaciens. Se considérant comme privé de doses, il explique, dans un long article de « France 3 Grand Est » paru hier, avoir commencé à vacciner ses patients avec une demi-dose d’AstraZeneca. « Je savais qu’AstraZeneca s’était aperçu qu’une demi-dose était plus efficace, alors je les ai appelés en Angleterre. »
Si on ne sait ni quel a été son interlocuteur britannique, ni ce qui lui a été répondu, il faut rappeler que l’administration d’une demi-dose lors des essais cliniques d’AstraZeneca avait été faite par erreur sur une cohorte limitée de volontaires. Le résultat obtenu semblait indiquer une meilleure efficacité du vaccin avec une demi-dose en première injection et une dose standard en seconde injection, mais la cohorte était trop petite et peu diversifiée (limite d’âge de 55 ans) pour permettre aux agences sanitaires de valider un tel schéma vaccinal.
Considérant que le laboratoire préfère « injecter des doses entières, c’est plus intéressant pour le chiffre d’affaires », il a convaincu ses patients qui ont tous accepté de recevoir une demi-dose. Mais il va encore plus loin pour faire face au manque de flacons disponibles depuis le début de la vaccination en cabinet médical. « Grâce aux seringues, on peut faire des doses supplémentaires en mélangeant les produits d’un même lot », déclare-t-il encore.
Le choix du Dr Schlienger est-il un cas isolé ? Le président d’honneur de la FMF, Jean-Paul Hamon, plaide lui aussi pour le schéma vaccinal avec une demi-dose en première injection et a saisi le conseil d’administration de la FMF du sujet. Il pourrait donner un mot d’ordre en ce sens en fin de semaine, selon « France 3 Grand Est », qui s’est alors tourné vers le président du Conseil départemental de l’Ordre des médecins de la Marne, Jacques Lorentz, généraliste à la retraite. À ses yeux, la situation quant à la disponibilité des vaccins ne justifie pas les choix de Jean-Yves Schlienger, qui sont « contraires aux recommandations de Santé publique France ». Craignant que les patients ne soient pas correctement immunisés avec une demi-dose et soulignant les risques inhérents à des mélanges de flacons, il comptait faire « des remarques » au généraliste de Cormicy, sans pour autant évoquer de sanction.
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