C’est une mesure d’urgence, la nécessité de lutter contre la prévalence du variant sud-africain sur ce département de l’Océan Indien, qui a conduit les pharmaciens réunionnais à utiliser pour la première fois un vaccin à ARN messager, en l’occurrence le vaccin Pfizer/BioNTech. Selon Éric Cadet, président de l’URPS pharmaciens de La Réunion et de Mayotte, la moitié des 246 officines de l’île est impliquée dans cette campagne vaccinale, dont 150 vaccinant.
La montée en charge des livraisons s’est faite graduellement depuis le 29 mars, semaine de test, pour atteindre cette semaine la livraison d’un flacon à 525 vaccinateurs, dont 354 médecins. « Nous sommes, désormais, tous demandeurs d’un deuxième flacon dans la mesure où notre grossiste-répartiteur détient les capacités logistiques à nous livrer », remarque Éric Cadet, précisant qu’un élargissement de la vaccination de proximité permettrait de répondre aux problèmes de vulnérabilité et de déplacement de certaines populations. Toutefois, le président de l’URPS déplore que la rémunération des pharmaciens ait été maintenue au même niveau que pour le vaccin AstraZeneca, alors même que les conditions de conservation du vaccin Pfizer/BioNTech sont plus contraignantes. « Le process est beaucoup plus lourd. Nous sommes soumis à des mesures draconiennes avec des éditions de courbes tous les matins, certains confrères ont dû s’équiper en sondes enregistreuses et bien sûr nous avons dû préparer les boîtes isothermes pour les médecins », relève-t-il. Sans compter, insiste-t-il, qu’à la différence du vaccin AstraZeneca, le Pfizer/BioNTech requiert une gestion très stricte du carnet de rendez-vous « vous avez 6 heures pour vacciner 7 personnes, contre 48 heures avec l’AstraZeneca ! ».
Expérimentation en Moselle
Éric Cadet n’en incite pas moins ses confrères de métropole à s’engager dans l’administration des vaccins à ARN messager, plus protecteurs contre les variants. Cet argument a été retenu par le ministère de la Santé pour mettre en place une expérimentation dès cette semaine en Moselle. À la différence de leur confrère de l’île de La Réunion, les pharmaciens de ce département, lui aussi majoritairement touché par le variant sud-africain, utiliseront le vaccin Moderna, dont 600 flacons de 10 doses chacun sont attendus pour la première livraison. À l’heure où nous bouclons cette édition, les modalités de cette nouvelle campagne n’ont pas encore été précisées. Mais, dans un contexte de livraisons en flux poussés, Éric Schiltz, coprésident du syndicat des pharmaciens de Moselle, tient absolument à ce que la totalité des 180 pharmacies vaccinant dans le département (sur 260 officines) reçoive au minimum un flacon. « Les clés de répartition entre pharmaciens et médecins n’ont pas encore été communiquées. Mais nous ne voulons pas de pharmacies pilote, chaque pharmacien souhaitant vacciner avec le Moderna doit pouvoir le faire », déclare-t-il. Il précise qu’en ce qui concerne les vaccins à ARN messager, les pharmaciens ont déjà pu éprouver leurs compétences en matière de chaîne du froid au cours des livraisons aux Ehpad en début d’année.
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