Le syndicat des pharmaciens d’Eure-et-Loir conteste devant la justice l'autorisation accordée à une médecin généraliste de délivrer des médicaments.
C’est avant tout contre un anachronisme que se battent les pharmaciens d’Eure-et-Loir. Dans ce département, deux médecins propharmaciens à titre dérogatoire exercent encore. « Cela pouvait se comprendre à une époque où la population n’était pas motorisée comme aujourd’hui. Ou encore dans les régions montagneuses, inaccessibles l’hiver », remarque Sébastien Michel, titulaire à Saint-Georges-sur-Eure et vice-président du syndicat des pharmaciens d’Eure-et-Loir (FSPF).
Symboliquement, le syndicat a décidé de porter devant les tribunaux le cas d’une généraliste exerçant à Civry et autorisée par l’ARS à délivrer des médicaments aux patients de cinq communes, soit un total de 1 318 habitants dans un rayon de 6 kilomètres. Cette médecin bénéficie de la prolongation de la dérogation accordée en 1977, à son prédécesseur. L’officine la plus proche se situe en effet à plus de 15 minutes en voiture de ces cinq communes, un critère qui est retenu par le rapport de l’IGF-IGAS de 2016 pour qualifier une zone sans pharmacie accessible.
Le recours du syndicat auprès du tribunal administratif avait donné lieu à un jugement, le 21 janvier 2016, en défaveur des pharmaciens, le ministère public estimant qu’il revenait à l’ARS de délivrer les autorisations. Les pharmaciens ont interjeté appel et la Cour d’appel de Nantes devrait rendre sa décision au printemps.
Sébastien Michel rappelle que les huit pharmaciens concernés par la zone de chalandise des cinq communes desservies par la médecin généraliste assurent la livraison à domicile. « Ces confrères se sont également engagés à livrer tous les patients de ces communes, 7 jours/7 », affirme le responsable syndical.
La situation est d’autant plus paradoxale, rappelle-t-il, que l’Eure-et-Loir compte parmi les départements français les plus touchés par la chute de la démographie médicale*. Et de lancer : « A l'heure où le temps médical est compté, les médecins n’ont-ils pas mieux à faire que de délivrer des médicaments ? »
* 264,6 médecins pour 100 000 habitants contre 421,6 en moyenne nationale (Conseil national de l’Ordre des médecins)
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