Au cœur de la crise sanitaire, tandis que tensions et inquiétudes s’amoncellent dans le quotidien des pharmaciens et de leurs équipes, des beaux gestes de solidarité émergent, donnant à la profession toutes les raisons de garder foi en l’avenir.
Le premier élan vient de la future génération de pharmaciens. Alors qu’ils ne peuvent plus assister aux cours, les facultés ayant fermé leurs portes, les étudiants en pharmacie se mettent à la disposition des officines qui subissent l’absence de salariés malades ou devant garder leurs enfants. Via Pharm’Help, la plateforme mise en place par l’association nationale des étudiants en pharmacie de France (ANEPF) en coopération avec l’Ordre des pharmaciens, des jeunes étudiants dépannent rapidement les officines touchées. Le facteur de proximité joue. Les étudiants se réjouissent de pouvoir mettre spontanément leurs connaissances en pratique, les titulaires se félicitent de découvrir de nouveaux talents. Les pharmaciens retraités ne demeurent pas en reste, ils se joignent aux plus jeunes pour proposer leurs services à la réserve sanitaire ou sur la plateforme #Renforts-Covid.
Le système D refait surface
Dans la même dynamique, certaines facs de pharmacie mettent leur savoir-faire au service du corps médical. Les préparatoires tournent à plein alors que professeurs et étudiants fabriquent des solutés hydroalcooliques (SHA), qui sont ensuite distribués aux hôpitaux et aux médecins de ville. La quête en SHA devient en effet l’obsession des Français en cette période de pénurie. À tel point que sucriers et alcooliers n’hésitent pas à vider leurs cuves pour approvisionner les pharmacies. Le précieux alcool ainsi recueilli est parfois même offert à la population par certains pharmaciens. Ainsi dans un but pédagogique, un titulaire alsacien distribue pendant une journée plus d’une centaine de ses flacons de SHA accompagnés de conseils de prévention.
Durant cette période de confinement où la précarité augmente au sein des populations les plus vulnérables, des groupements de pharmaciens font appel à leur imagination. L'un d'entre eux propose à leurs patients de participer à une collecte de produits d’hygiène et de soins qui seront ensuite redistribués aux associations locales. Un autre groupement reprend à son compte l’idée du « café suspendu » qu’il convertit en opération « masque suspendu » en coopération avec la Croix-Rouge. Tout patient qui achète une boîte de masques est invité à en laisser un à l’intention d’une personne dans le besoin.
La nouvelle scène du Net
En retour, les pharmaciens bénéficient également de cette vague de générosité qui se répand jusque chez les artisans. Les verriers se mettent à confectionner des flacons pour les SHA tandis que menuisiers et plasturgistes innovent et vendent aux officines – souvent à prix coûtant — des parois de plexiglas et des visières individuelles. Des patients, des commerçants dont des coiffeurs rejoignent le mouvement. Ils offrent des gants et des produits désinfectants, parfois même des fleurs en guise de reconnaissance à leur pharmacien.
Mais la solidarité se matérialise aussi au sein de la profession, entre confrères. Les cas de pharmaciens se dépannant entre eux, en produits ou en masques, se multiplient. Chacun y va de son talent. Pour certains, l’entraide se concrétise par un soutien moral et une écoute bienveillante. Ainsi, l’initiative des pharmaciens ADOP* (Aide et dispositif d’orientation des pharmaciens), née en Auvergne Rhône-Alpes, s’étend sur tout le territoire où une trentaine de pharmaciens, volontaires et formés, accompagnent les confrères en difficultés.
D’autres pharmaciens se découvrant des talents de poètes ou de musiciens expriment leurs émotions sur le Net. Quand ils ne s’essaient pas – avec succès — à la parodie. Dans cette période de confinement, où paradoxalement, la communication est exacerbée, tout germe de créativité et d’humour suscite l’enthousiasme des internautes. Dans le monde réel, les pharmacies, parmi les rares points de vente autorisés à ouvrir leurs portes, apparaissent comme des repères clés dans la cité. Conscients de ce nouveau rôle, certains pharmaciens lancent spontanément des opérations de solidarité auprès des habitants. L’officine devient un point de ralliement de ce nouvel humanisme né avec le Covid.
* Accessible en permanence au 0800 73 69 59, le service garantit l’anonymat de l’appelant et peut lui proposer une mise en contact avec un psychologue.
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