À Nancy ce matin comme à Strasbourg et Mulhouse cet après-midi, les manifestations de pharmaciens ont été fortement suivies, tandis que les responsables alsaciens et lorrains de la profession ont estimé que « 80 à 90 % des officines avaient gardé porte close ». Outre les pharmaciens d’officine et leurs équipes, les associations d’étudiants nancéenne et strasbourgeoise ont participé aux cortèges, forts d’un bon millier de personnes à Nancy, et sans doute un peu moins à Strasbourg – où ne défilait il est vrai que le Bas-Rhin, le Haut-Rhin s’étant retrouvé pour sa part à Mulhouse.
Partis de la place Stanislas pour se réunir ensuite devant l’ARS du Grand Est et la CPAM, où ils ont été reçus, les manifestants lorrains réunis à Nancy ont défilé avec une certaine gravité, selon le président de la Fédération de Lorraine, Christophe Wilcke. « Le cortège, massif, était empreint de colère, de mécontentement et de déception », a-t-il résumé lors d’un point de presse tenu après le défilé : « Après les trois années terribles du Covid durant lesquelles nous avons travaillé à plus de 200 % de nos capacités, on voit aujourd’hui nos officines plonger dans le rouge ou disparaître, tandis que nos efforts et nos innovations pourtant indispensables au fonctionnement de la santé n’ont jamais été valorisés. » Entouré des autres responsables syndicaux régionaux, il a rappelé aussi le surcroît de travail lié aux pénuries - 12 heures par semaine pour trouver des antibiotiques pédiatriques par exemple, avant de donner la parole aux responsables étudiants, dont « les bancs des facultés commencent dangereusement à se vider dès la 2e année ».
À Strasbourg, les manifestants avaient choisi d’arpenter, de 14 heures à 17 heures, la vaste Place Broglie qui longe notamment l’hôtel de la Préfecture, où une délégation a été reçue à 16 heures 30 par le directeur de cabinet de la Préfète de région. D’abord massés devant l’opéra, puis descendant et remontant la longue place arborée pendant toute l’après-midi, les manifestants ont scandé et chanté de nombreux slogans, dont l’un d’ailleurs, « pharmacie en danger, votre santé menacée », a visiblement plu à une classe d’écoliers passant à ce moment-là sur la place, et qui a entonné à son tour cet avertissement. Maniant le mégaphone avec une dextérité digne d’un cégétiste de la SNCF, le président de la Fédération du Bas-Rhin, Claude Windstein, a su galvaniser et stimuler ses troupes, en les invitant aussi à interpeller directement les passants pour les sensibiliser aux problèmes de la pharmacie et de son avenir.
À Mulhouse, la manifestation est partie en début d’après-midi de la caisse primaire pour une boucle à travers la ville, avant de s’achever par un rendez-vous avec des responsables de la caisse. « Ce fut un vrai succès, dans une excellente ambiance », commente la présidente de la Fédération du Haut-Rhin, Élisabeth Schuller, relevant que « nous étions 450 selon la police, ce qui est d’autant plus remarquable que la ville ne compte aucun étudiant en pharmacie ».
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