« Les personnes vaccinées ont 9 fois moins de risque d'être hospitalisées ou de décéder du Covid-19 que les personnes non vaccinées », souligne un communiqué d’Epi-Phare, confirmant d’autres résultats récemment publiés. Une réduction similaire du risque de décès au cours d’une hospitalisation pour Covid est observée, démontrant un « effet majeur » de la vaccination, est-il relevé.
Pour obtenir ces résultats, deux études de pharmacoépidémiologie à partir des données du Système national des données de santé (SNDS) ont été menées du 27 décembre 2020 (début de la vaccination en France) au 20 juillet dernier auprès de plus de 22 millions de sujets dans deux populations : chez les personnes âgées de 50 à 74 ans (7,7 millions de vaccinés comparés à 7,7 millions de non vaccinés) et chez les personnes âgées de 75 ans et plus (3,6 millions de vaccinés comparés à 3,6 millions de non vaccinés).
Comirnaty a été administré à 53,6 % des 50-74 et à 85,3 % des 75 ans et plus, Spikevax à, respectivement, 7,1 % et 8,7 % et Vaxzevria, respectivement, à 39,2 % et 6,1 %. Le vaccin Janssen, autorisé plus tardivement, a été moins utilisé et n'a pas été inclus dans l'étude.
Appel à la prudence sur les données relatives à AstraZeneca
Dans le premier groupe, une « réduction du risque d’hospitalisation pour Covid-19 estimée à 92 % (91 % à 94 %) parmi les personnes vaccinées » a été observée : 93 % (91 % à 94 %) pour Pfizer, 92 % (86 % à 95 %) pour Moderna, et 94 % (88 % à 97 %) pour AstraZeneca. Cette protection semble « persister dans le temps, atteignant respectivement 96 % et 97 % après un délai de 3-4 mois et 4-5 mois », est-il souligné. Une réduction du risque de décès lors d’une hospitalisation pour Covid-19 « du même ordre de grandeur (86 %) » est également mise en évidence.
Les auteurs soulignent que le suivi médian était plus court pour le vaccin d’AstraZeneca (24 jours contre 40 jours pour Pfizer et Moderna), mais aussi que les patients concernés avaient une prévalence plus élevée de comorbidités que ceux vaccinés par Pfizer ou Moderna, « reflétant probablement des profils différents des personnes vaccinées selon les modalités d’utilisation des vaccins (davantage en ville pour AstraZeneca et en centres de vaccination pour les vaccins à ARNm) ». Les auteurs en appellent ainsi à la « prudence » concernant les données relatives au vaccin d’AstraZeneca d’autant qu’elles « ne prennent pas en compte le fait que la deuxième dose puisse être un autre vaccin ».
Dans le second groupe, seuls 6 % des vaccinés ont reçu des doses d’AstraZeneca (malgré l’absence de recommandation pour cette tranche d’âge), réclamant la même prudence dans l’interprétation des données pour ce vaccin. Sur l’ensemble de la cohorte étudiée, la réduction du risque d’hospitalisation atteint de 92 % à 96 % selon les vaccins (92 % pour Pfizer, 96 % pour Moderna, et 96 % pour AstraZeneca), avec une réduction du risque de décès « du même ordre de grandeur ». Cette protection a persisté dans le temps, « atteignant encore 94 % à 5 mois de suivi », est-il noté.
Un manque de recul face au variant Delta
L’efficacité des vaccins face au variant Delta, devenu dominant pendant la période d’étude, n’a pu être appréhendée que partiellement. La réduction du risque d’hospitalisation n’apparaît pas diminuée entre le 20 juin et le 20 juillet 2021 et se maintient à 92 % chez les 50-74 ans et à 84 % chez les 75 ans et plus, mais « cette période reste très courte pour évaluer l’impact réel de la vaccination sur ce variant », soulignent les auteurs.
Par ailleurs, les auteurs ont relevé, dans les deux groupes étudiés, une réduction du risque d’hospitalisation dans les 6 premiers jours suivant la première dose du vaccin, alors que cette durée n’est pas suffisante pour développer une immunité efficace grâce au vaccin. Chez les 75 ans et plus, « dans les 6 premiers jours, on a observé une réduction du risque variant entre 66 % et 73 % alors qu’elle variait entre 12 à 37 % du 7e au 13e jour », notent les auteurs, qui énoncent deux biais pouvant expliquer ce constat.
Le premier biais relève de « la sélection des personnes en meilleure santé et/ou aux comportements de santé plus prudents qui chercheraient à être vaccinées plus tôt ou à qui l’on proposerait plus facilement une vaccination et qui éviteraient d’être exposés au coronavirus lors de la vaccination ». Le second est « la contre-indication à la vaccination des personnes ayant des symptômes évocateurs du Covid-19 (…) plus susceptibles d’être sélectionnées dans le groupe non vacciné ».