Le Quotidien du pharmacien. – Comment aborder la question de l'hygiène intime au comptoir ?
Catherine Auger.– Si la personne se présente avec une ordonnance (de crème ou ovule antifongique, d'antibiotique), on peut l'interroger sur les motifs de la prescription et engager le dialogue. Elle peut aussi demander un conseil suite à des désagréments – démangeaisons, leucorrhée – auquel cas la question de la toilette intime s'invite d'elle même dans la conversation. La demande peut émaner d'une femme, mais aussi d'une jeune fille, voire concerner une petite fille. Si ces symptômes, y compris les douleurs à la miction, sont évoqués par une femme enceinte, il faudra l'orienter vers la consultation car un prélèvement ECBU (examen cytobactériologique des urines) et un antibiogramme seront nécessaires. Il est intéressant de référencer quelques pots à ECBU à la pharmacie qui pourront être proposés à cette occasion.
Comment orienter son conseil en fonction des manifestations liées à un problème d'hygiène intime ?
Ces manifestations relèvent généralement de trois catégories : les infections génitales basses peuvent se traduire par des pertes blanches abondantes (mycose) contre lesquelles on conseillera un antifongique sous forme de crème ou d'ovule. Elles peuvent aussi prendre l'aspect de pertes odorantes (vaginose bactérienne) contre lesquelles on proposera des probiotiques en ovules ou comprimés à avaler. Une infection génitale haute – leucorrhée avec fièvre et douleurs pelviennes – nécessite d'orienter la personne vers un médecin qui pratiquera un prélèvement et une prise de sang pour recherche d'IST. L'infection urinaire, enfin, se manifeste par une impériosité urinaire et des brûlures à la miction accompagnées ou non de fièvre. Elle constitue également un motif d'orientation vers la consultation car elle peut se compliquer rapidement, particulièrement dans le cas des personnes âgées qui connaissent des épisodes récurrents de cystite. Dans tous ces cas de figure, on peut proposer un savon anti-irritant pour assurer la toilette intime.
Quels sont les conseils pratiques que l'on peut dispenser pour préserver l'équilibre du milieu vulvovaginal ?
De simples habitudes peuvent être respectées au quotidien : éviter les douches vaginales et les toilettes intimes répétées plusieurs fois par jour ; éviter les bains où l'on utilise un savon parfumé qui peut être irritant ; préférer le port de sous-vêtements en coton aux matières synthétiques ; ne pas porter de vêtements trop moulants ou serrés ; après la selle, s'essuyer d'avant en arrière pour éviter le transfert des bactéries ; ne pas se retenir d'uriner – 1,5 litre d'urine doit être produit quotidiennement – et uriner après chaque rapport sexuel (il est utile de rappeler que seul le préservatif a montré son efficacité contre les IST).