ALORS QUE LE MARCHÉ vétérinaire pour animaux de compagnie en officine affichait une croissance à deux chiffres en 2007, l’année 2008 est en recul. Avec un chiffre d’affaires de 159 millions d’euros (cumul mobile annuel à février 2009), le marché chute de 6 % en valeur selon les dernières données d’IMS Health. Le nombre d’unités vendues s’élève à 11 millions, soit une baisse de 7,7 %. Néanmoins, sur le marché global des animaux de compagnie (médicaments vétérinaires et produits de santé animale vendus dans tous les circuits), l’évolution est encore de +1,3 % selon l’Association interprofessionnelle d’étude du médicament vétérinaire (AIEMV), et de 3,8 % si l’on inclut le « petfood » ou l’alimentation des animaux de compagnie.
Ce ralentissement doit être mis en parallèle avec le climat. En 2007, année chaude et humide, la vente des antiparasitaires externes (APE) et des références en dermatologie avait connu un véritable boom, tandis que 2008 a joué en défaveur du marché. « Ce sont surtout les APE qui font baisser l’ensemble du marché puisqu’ils restent le plus fort segment vétérinaire avec plus de 30 % de parts de marché. Nous suivons cette tendance », indique Emmanuel Hess, chef de gamme Biocanina chez Veto Centre. Partenaire historique de l’officine, Veto Centre distribue ses produits, tous dédiés aux animaux de compagnie, exclusivement dans le circuit pharmaceutique.
Forte demande spontanée.
« Notre objectif est de rester le partenaire de l’officine, de développer le laboratoire et de nouvelles gammes, de nouveaux concepts et de plus en plus d’outils pour aider le pharmacien. » Ce n’est pas un hasard si 50 % des officines référencent Biocanina. Mais il n’est pas le seul laboratoire à distribuer ses médicaments vétérinaires exclusivement aux officinaux.
C’est aussi le cas de Clément-Thékan, autre leader du marché, affilié au groupe Omega Pharma. Sur le segment des APE, il se fait devancer par le leader Merial avec sa gamme Frontline (en particulier Frontline Combo Spot disponible en version chien ou chat) et par Biocanina (Pustix Duo et Biocanispot Chat), mais les références Dog-net Spot et Tiguvon restent parmi les mieux vendues du marché, devant Advantix, Advantage et Advocate de Bayer, qui effectue une belle progression devant Novartis (Program et Capstar).
Les APE restent le premier segment du conseil pour le pharmacien, ils doivent donc être visibles, en particulier les formes spot-on qui font l’objet d’une forte demande spontanée, que ce soit pour les chiens ou pour les chats. En revanche, les formes sprays et colliers régressent.
Clément-Thékan est présent sur un large éventail de classes thérapeutiques, telles que les troubles digestifs, la reproduction, la dermatologie ou les antiparasitaires internes (API). Sur ce point, Scanil affiche une légère baisse de ses ventes en 2008 mais reste leader. Il est suivi de près par Ascatène et Ascatryl de Biocanina, puis par la gamme Drontal de Bayer. Pour les chats, Profender de Bayer continue sa percée.
Gamme du comportement.
À noter que le chiffre d’affaires global de Clément-Thékan, spécialiste des pathologies du chien et du chat, a pu être impacté par la disparition d’Aurikan, solution auriculaire contre la gale, l’insecticide qu’il contient étant interdit en France et dans une cinquantaine d’autres pays à cause d’un risque cancérigène. Ce médicament n’a pas été remplacé. En revanche, le laboratoire a lancé une nouvelle gamme tournée vers le comportement avec Doggytude et Catitude, un sous-segment qui progresse, et d’autres médicaments tels que le Laxidéal contre la constipation.
Merial, joint-venture de sanofi-aventis et Merck&co, est présent sur de nombreuses pathologies. Contrairement à Veto Centre et Clément-Thékan, ses produits ne sont pas réservés aux pharmaciens. Sa R&D cible en particulier les antiparasitaires, les antibiotiques, le contrôle de la douleur, le traitement des problèmes chroniques chez les animaux de compagnie et les vaccins. À noter que Merial pourrait devenir une filiale de sanofi-aventis à part entière puisque Merck&Co vient de conclure le rachat de Schering-Plough, ce dernier possédant déjà un pôle vétérinaire avec Intervet. Or, le directeur général de sanofi, Chris Viebacher, ne cache pas son intérêt pour un développement en santé animale.
Plus de 5 000 références.
Quant à Bayer Santé Animale, il progresse bien et vite avec des produits phares comme Advantix, Advocate, Advantage, Profender et Drontal, tous cités plus haut. « Nos produits sont vendus en pharmacie mais surtout chez le vétérinaire. Les deux circuits sont liés puisque les tendances du marché se reflètent de la même façon chez le vétérinaire et le pharmacien. Nous sommes historiquement tournés vers le vétérinaire, mais il est essentiel d’accompagner nos médicaments en pharmacie et d’aider les officinaux quant au référencement, à la place occupée dans l’officine », explique Bruno Legrand, responsable du business pharmacie pour la division santé animale chez Bayer.
Des médicaments que le pharmacien peut se procurer par le biais de ventes directes, auprès des grossistes répartiteurs traditionnels mais aussi les distributeurs spécialisés en médicaments vétérinaires comme Véto Santé. Leader de la distribution du médicament vétérinaire à l’officine, Véto Santé a fêté ses 20 ans en 2007 et possède un catalogue de plus de 5 000 références. « Il faut rappeler la particularité du marché de la santé animale. Les produits sans AMM peuvent être vendus chez les vétérinaires, en pharmacie, mais aussi en GMS et dans les jardineries et animaleries. Ceux qui ont une AMM ne peuvent normalement être vendus qu’en officine ou dans un cabinet de vétérinaire, à moins qu’ils aient une dérogation, comme c’est le cas des APE qui peuvent être mis en vente dans les quatre circuits. Tout cela rend le marché difficile à cerner mais il est évident qu’il a son importance pour l’officine. La pharmacie offre des compétences et des prix plus intéressants pour le consommateur sur les produits qui se retrouvent dans tous les circuits. Mais les pharmaciens sous-évaluent trop souvent la santé animale », remarque Dominique Even, directeur général de Véto Santé.
Débutant, confirmé et expert.
Selon lui, 20 % du marché de l’animal de compagnie est vendu en officine et les 2/3 des ventes concernent les APE. « Il est vrai que nous avons connu un recul en 2008 sur les APE, mais, globalement, sur l’animal de compagnie, nos ventes progressent », ajoute Dominique Even.
Convaincu que ce marché doit être pris en main par les officinaux, Véto Santé n’hésite pas à prodiguer ses conseils en référencement et met en place, en 2009, une action d’aide au conseil, au référencement et à la valorisation du rayon vétérinaire à l’officine, fondée sur la mise en stock des produits leaders. « Nous proposons trois niveaux : débutant, confirmé et expert. L’objectif est de parvenir à élargir la gamme et à accroître le nombre de références en stock, en fonction du niveau de compétence visé. »
Véto Santé va encore plus loin en développant depuis février dernier ses propres produits de marque. Le premier est un APE à base de géraniol, ciblant les chiens et les chats, en vente en spot on, en collier ou en shampooing. « Nous visons les propriétaires qui ne veulent plus utiliser de produits issus de la chimie et qui plébiscitent les références naturelles », précise Dominique Even.
Une vague écologique qui réussit au spécialiste du complément alimentaire Phytea, qui a eu la bonne idée de lancer Véthéo en octobre 2003, dédié à l’animal de compagnie.
Oser le conseil associé.
De même, le segment du petfood continue à se développer, les propriétaires sont prêts à adapter l’alimentation de leur animal en fonction de leur âge et des problèmes de santé qu’il va rencontrer. Et donc à y mettre le prix. De plus, ils sont de plus en plus nombreux à savoir qu’ils trouvent les mêmes produits d’alimentation en officine que dans les autres circuits, mais ils sont souvent moins chers et les propriétaires bénéficient des conseils d’un professionnel compétent. La prévention passe une fois de plus par la pharmacie. Au pharmacien de miser sur cette mission supplémentaire, mais aussi d’oser le conseil associé.
(Tableau IMS dans Q-Phar, dossier "Animaux de compagnie")
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