Est-ce l'épreuve, en l'occurrence la plus effroyable des épreuves, qui forge le caractère ? Retour des camps de la mort, alors qu'elle avait vu l'indicible et l'indescriptible, Simone Veil s'est tout de suite prononcée en faveur d'une construction européenne capable de mettre fin aux « guerres civiles » qui, par deux fois dans le même siècle, ont ravagé le continent et l'ont déshumanisé au-delà de ce que la pire des imaginations pouvait concevoir. Elle n'avait pas vingt ans, mais possédait déjà une intuition politique qui la conduirait plus tard vers les sommets de l'État. Ministre de la Santé, présidente du Parlement européen, académicienne qui a fait inscrire sur son épée son numéro d'immatriculation de Bergen-Belsen, Simone Veil a été, dans ces trois fonctions, la personne rêvée pour l'emploi.
Ce qui est bouleversant dans son parcours si périlleux et si singulier, c'est que les vertus dont elle était naturellement parée ont fait d'elle la cible des attaques et des pires insultes. Ministre chargée par Giscard de faire adopter le projet de loi autorisant l'IVG, elle a subi des assauts d'une telle violence qu'ils ont constitué un moment de honte dans l'histoire parlementaire. C'est elle, la déportée, celle qui a vu mourir du typhus sa mère dans ses bras, celle qui a fait la marche de la mort et n'a dû sa survie qu'à un extraordinaire concours de circonstances, que des députés, pétris jusqu'à la folie de convictions conservatrices, ont traitée de « nazie ». Elle, qui aurait pu assez en vouloir à ses anciens bourreaux pour les humilier et les détruire et devint au contraire le germe de la réconciliation franco-allemande ; elle, qui a préféré la construction européenne à la carrière hors du commun qui l'attendait et n'a voulu, en réalité, être ni présidente ni Premier ministre. C'est elle que des brigands de la pensée réactionnaire ont tenté de renvoyer, en inversant sa signification, vers un passé horrible, sans hésiter à transformer la victime en bourreau.
Une impatiente qui aimait l'action
Savez-vous qu'elle leur a presque pardonné ? Ou tout au moins qu'elle trouvait, dans leur attachement à l'ordre établi, des excuses ? Si elle ne supportait pas la violence, fût-elle verbale, c'est parce que, malgré son très ferme caractère, elle ne ripostait jamais par la violence. Une intelligence très sûre, une pensée structurée dès la fin de son adolescence lui ont permis d'évoluer dans la société politique sans jamais se laisser contaminer par les produits toxiques qu'elle exhale. Son exemplarité, c'était, en quelque sorte, l'alibi de ceux qui, loin de l'imiter, exerçaient leur cynisme en toute occasion, croyant que le rayonnement d'une femme aussi juste couvrirait leurs turpitudes.
Quand elle a été accueillie à l'Académie, j'ai écrit que Simone Veil était un symbole. Elle est bien plus que ça. Elle représente ce que la France peut donner au monde de meilleur. Ses épreuves et ses actes, son destin qui va des pires avanies aux plus grands triomphes, cette lumière sage qu'elle apportait sur chaque différend et chaque problème font d'elle une Française irremplaçable. Nous aurons beaucoup de mal à trouver une seconde Simone Veil.
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