Tout reste à écrire. La lettre rectificative du Premier ministre adressée aux partenaires sociaux ne comporte que la feuille de route qu’ils devront suivre d’ici au 30 avril. Et Édouard Philippe a été ferme. S’ils n’aboutissent pas à un accord, le gouvernement reprendra la main sur le dossier de la réforme des retraites.
Monique Durand, présidente de la Caisse d’assurance vieillesse des pharmaciens (CAVP), a le projet de loi en main. Elle ne cache pas sa perplexité. « J’ai été sollicitée pour émettre un avis avant le 20 janvier et nous nous sommes réunis en conseils d’administration extraordinaires le 16 janvier pour nous prononcer sur un texte qui est loin de définir les contours de la réforme », déplore-t-elle. « Bien au contraire, poursuit-elle, tout semble conçu, prévu, pour que les décisions soient prises par ordonnances. » Les lignes flottent encore, l'horizon demeure flou, rendant le travail de projection des actuaires quasi impossible. « Or, assène Monique Durand, il y a urgence. Nous n’avons pas le droit de nous tromper. » À l’égard des futurs pharmaciens retraités qui, intégrés au régime universel, ne verraient pas les promesses de retraite tenues, et aussi vis-à-vis des jeunes. « Je reçois des mails d’étudiants inquiets tout autant que des messages de soutien d’anciens présidents de la CAVP », confie Monique Durand.
Extinction
Mais alors que les administrateurs des caisses de retraite n’ont pas voix au chapitre, les seuls espoirs de la profession de se faire entendre reposent sur les trois syndicats de pharmaciens (biologistes inclus), seuls interlocuteurs retenus par le Haut-Commissariat aux retraites (HCR) dans les négociations (voir ci-dessous). Ils devront obtenir des garanties sur les niveaux de pensions des pharmaciens, sur les réserves de la retraite complémentaire par répartition et sur la gouvernance de la CAVP. Mais surtout, ils devront convaincre le gouvernement de maintenir leur régime complémentaire obligatoire par capitalisation avec le « fléchage » d'une partie des cotisations retraite des pharmaciens libéraux vers ce régime.
La question de la pérennité de ce régime est essentielle (7 milliards d’euros d’actifs actuellement). La CAVP et les syndicats de la profession ont obtenu des engagements du gouvernement sur la préservation des provisions techniques : elles ne seront pas intégrées au RU. La profession est déterminée à défendre la pérennité de ce régime : « Qu'adviendrait-il des actifs dans un régime en voie d'extinction dans le cas contraire ? », ne manque pas de soulever la présidente de la CAVP.
Assurer un minimum vieillesse confortable
« Ces pharmaciens risquent par conséquent de ne pas profiter du capital auquel ils pensaient pouvoir prétendre », augure Monique Durand, regrettant qu’« aucune ligne sur la capitalisation ne figure au projet de loi. À la différence des personnels navigants qui ont obtenu une ligne concernant leur régime ! »
Pourquoi une telle détermination ? La raison en est simple. Il y va de la pérennité des pensions des pharmaciens. Ou tout au moins de leur niveau. Aujourd’hui un euro sur deux des pensions versées provient du régime de capitalisation obligatoire. « Nous défendons la préservation de notre modèle de retraite qui mixe répartition et capitalisation car les avantages d’un tel modèle sont multiples : meilleure soutenabilité tout particulièrement dans le cadre d’une démographie défavorable, meilleure diversification du risque qu’avec uniquement un régime par répartition, solidaire et collectif, en phase avec nos engagements européens, vertueux au niveau économique, avec un horizon d’investissement d’autant plus long qu’il n’est impacté ni par la portabilité ni par une sortie possible en capital », énonce Monique Durand. « Sans compter qu'il est vertueux d’un point de vue extra-financier par la mise en place d’une politique d’investissement responsable », assène-t-elle. Autant de raisons qui incitent la présidente de la CAVP à défendre, dans l'intérêt de ses affiliés, un régime autonome qui a fait les preuves de son efficacité et de sa bonne gestion.
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