Virus grippaux. Appartenant à la famille des orthomyxovirus, les virus influenza appartiennent à trois genres (A, B, C). Ces virus à ARN simple sont munis d’une enveloppe les protégeant de l’action destructrice des solvants lipidiques. Leur surface est hérissée de spicules. Les virus de type A et B sont responsables de l’immense majorité des cas de grippe. Ces deux types sont eux-mêmes divisés en sous-types sérologiques définis par la nature des deux antigènes de surface : l’hémagglutinine H et la neuraminidase N. Les virus de type A sont plus pathogènes et transmissibles que ceux de type B. La souche A(H1N1) apparue chez l’homme en 1918 (grippe « espagnole ») a occasionné 20 millions de morts dans le monde et touché plus de un milliard d’individus. Elle a été supplantée par la souche A(H2N2) en 1957 (grippe « asiatique »), elle-même supplantée par la souche A(H3N2) en 1968. Depuis 1977, la souche A(H1N1) est réapparue et deux sous-types de virus A circulent désormais. Les virus grippaux infectant l’homme n’expriment que des hémagglutinines de type H1, H2 ou H3 mais il existe d’autres types (H4 à H18) connus des animaux (notamment des oiseaux aquatiques qui constituent un réservoir). De même, les neuraminidases des virus grippaux infectant l’homme sont de type N1 et N2 mais celles décrites chez les oiseaux vont du type N1 au type N11. Un virus grippal aviaire hautement pathogène (H5N1) se transmet toutefois de manière très rare à l'homme (cf. grippe aviaire).
À l’intérieur de la particule virale, sept ou huit nucléocapsides de symétrie hélicoïdale résultent de l’association d’une molécule d’ARN à de nombreuses molécules de nucléoprotéines constituant l’antigène caractérisant le type viral. Trois polymérases indispensables à la réplication du virus s’associent aux nucléocapsides.
Cycle viral. Le virus de la grippe se fixe par ses hémagglutinines sur la membrane plasmique d’une cellule au niveau de sites accepteurs dont il reconnaît l’acide sialique terminal - d’où son affinité pour le mucus riche en cet acide dérivé du sucre (l’acide sialique peut ainsi constituer un leurre pour les virus qui s’y fixent puis sont éliminés avec le mucus) -. Une fois fixée, l’hémagglutinine est clivée en ses deux sous-unités. La particule virale pénètre dans la cellule par endocytose puis elle relâche les nucléocapsides dans le cytoplasme. La traduction des ARNm de l’hôte est inhibée et la cellule est « détournée » en vue de la seule synthèse des protéines grippales. La formation des virions se fait par bourgeonnement à la surface de la membrane cellulaire, sans impliquer la destruction de la cellule.
Virus grippaux aviaires. Les virus grippaux sont variables du fait de deux mécanismes :
- Glissements antigéniques. Le support de l’information génétique du virus est porté par l’ARN simple brin. L’ARN-polymérase virale grippale, indispensable à la réplication du virus, fait de nombreuses erreurs de copiage sans que les enzymes virales possèdent un système de relecture et de correction : toute erreur d’insertion d’une base constitue une mutation à l’origine d’une modification de la protéine codée. Lorsque cette mutation affecte la codification d’un site antigénique important, le virus peut présenter un nouvel antigène. Avec le temps, l’accumulation de mutations permet de caractériser des lignées variantes. Ce phénomène explique la survenue récurrente d’épidémies de grippe : le glissement antigénique est donc le paramètre pris en compte pour la formulation des nouveaux vaccins.
- Cassures antigéniques. Lorsqu’une cellule est coïnfectée par deux virus grippaux différents mais de même type, un virus hybride peut apparaître lors de l’assemblage et du bourgeonnement. Si ce réassortiment génétique concerne un gène codant pour l’une des deux glycoprotéines de surface, il conduit au remplacement des antigènes majeurs par une molécule différente - c’est ainsi qu’est apparu en 1968 le sous-type A(H3N2) -. Ce mécanisme n’est connu que chez les seuls virus A.
Les oiseaux aquatiques sauvages constituent un réservoir de virus grippaux. Ils transmettent les virus à d’autres oiseaux, notamment des espèces aquatiques domestiques (canards) car le virus, contenu dans leur cloaque, est dispersé dans l’eau où évoluent ces animaux. Ainsi, deux sous-types différents, l’un porté par un canard et l’autre par un homme, peuvent coloniser simultanément un hôte tel un porc dans des régions où ces animaux sont élevés dans une certaine promiscuité (Chine, Asie du Sud-Est). Cette coïnfection peut induire l’apparition d’un virus hybride susceptible de se répliquer chez l’homme. Si la plupart des virus de la grippe aviaire ne sont pas pathogènes pour l’homme, certains toutefois sont zoonotiques (ils peuvent infecter l’homme : les virus H5N1 en sont un exemple).
Article précédent
Prophylaxie par voie orale
Article suivant
Vaccination antigrippale
Les mots du client
Réseaux de surveillance
Chez le médecin
Prophylaxie par voie orale
Rappel physiopathologique
Vaccination antigrippale
Traitement curatif
Un peu d'épidémiologie
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion