Confronté aux souffrances physiques ou psychologiques du patient, il ne faut pas tomber dans les surpromesses, mais l'informer en fonction de son vécu, de ses croyances, de ce qu'il sait et veut savoir.
L'important est de toujours relativiser par rapport à la gravité de la situation sans a priori quant à l'efficacité du traitement et à l'évolution de la maladie. On doit tenir compte du fait que les patients sont de mieux en mieux informés et exigeants. Ils veulent des explications claires, loyales ; inutile de se réfugier derrière des mots savants.
La connaissance des mécanismes fondamentaux du cancer est d'autant plus importante que, en fonction des traitements, le pharmacien doit mettre en place différentes stratégies d'accompagnement. Le traitement curatif vise la rémission qui, avec le temps, conduit vers la guérison, alors que dans la phase palliative, la perspective de guérison est péjorative. La compréhension du pharmacien est essentielle dans les deux cas, mais le partage du ressenti est différent. Son rôle est de proposer les soins adaptés, soit pour obtenir le plus haut niveau de résultat positif avec les traitements curatifs, soit pour faire bénéficier de la meilleure qualité de vie possible dans le cadre des traitements palliatifs.
Intégrer les soins de supports d'accompagnement
Les traitements invasifs altèrent la propre perception et l'image du cancéreux : modification de la personnalité avec l'hormonothérapie, prise de poids, fonte de la masse musculaire, déficits immunitaires dus à la prise massive de cortisone avec la chimiothérapie, inflammations et brûlures avec la radiothérapie. Ces traitements stigmatisent le sujet à ses propres yeux et génèrent parfois un laisser-aller physique, de la dépression et une démission. Le sujet habite soudain un corps « étranger » qui ne l'abrite plus, qui évolue sans prévenir. Rétablir le contact physique avec soi-même, remettre son corps en mouvement est essentiel pour ne pas se sentir enfermé dans une enveloppe étrangère.
Il ne faut pas s'en tenir aux traitements liés aux tumeurs cancéreuses, mais intégrer dans le processus d'accompagnement des prestations qui aident à reprendre pied. Les soins de support, dits d'accompagnement, sont définis comme l'ensemble des prestations de soutien dont l'objectif est d'améliorer la qualité de vie et le bien-être du malade. Ils relèvent de la dispensation pharmaceutique hors prescription, conjointement aux traitements oncologiques. Ils supposent le développement de réseaux locaux ou régionaux qui mobilisent l'ensemble des soignants concernés : kinésithérapeutes, psychologues, acupuncteurs, esthéticiennes, nutritionnistes, éducateurs sportifs, coiffeurs…
La création au sein de l'officine d'une catégorie oncologie, regroupant tous les produits de santé hors médicaments, permet au patient de trouver ce dont il a besoin en toute autonomie et elle facilite le conseil en toute discrétion.
Recevoir et gérer les émotions du patient
La communication est un élément clé de la profession, mais elle ne s'improvise pas : la qualité du lien relationnel a un impact important sur la réussite du traitement. Le pharmacien est tenu au secret médical qui exige une grande confidentialité. Les maîtres mots son accueil, écoute, disponibilité, bienveillance. Plus la relation entre le patient et le pharmacien est bien gérée, plus elle établit un climat de confiance entre eux. Une attitude positive centrée sur les émotions de la personne l'incite à s'exprimer sans crainte et sans retenue. En même temps, elle donne au pharmacien des repères pour mieux comprendre les comportements du sujet cancéreux face à la maladie (déni, anxiété, peur, tristesse, désespoir, acceptation) et ses mécanismes de défense (évitement, isolement, repli sur soi, retournement agressif contre soi, dépréciation de soi).
Face à ces émotions fortes, le pharmacien a plusieurs façons de réagir. En l'absence de formation spécifique, ces réactions sont la somme d'expériences professionnelles et personnelles : apathie, antipathie, sympathie, empathie. L'avantage de la dernière attitude est de garder un certain recul et une neutralité. Elle suggère une compréhension au plus juste de la façon dont la personne vit sa maladie en prenant soin de ne jamais se mettre à sa place. Elle rassure le malade qui a besoin de se sentir écouté, compris, aidé par un professionnel de santé qui ne le juge pas, n'a pas de parti pris et lui laisse le choix.
* « L'Oncoguide » a été conçu pour les pharmaciens par le groupe Pierre Fabre (voir « le Quotidien du pharmacien » du 6 février 2020).
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