Le Quotidien - La France dispose d’un test pour diagnostiquer une infection au 2019-nCoV en quelques heures. En quoi consiste-t-il ?
Pr Bruno Hoen. - Il s’agit d’un test classique de PCR en temps réel mis au point par le Centre national de référence des virus des infections respiratoires (CNR) de l’Institut Pasteur. Il a pu être réalisé grâce à la publication de la séquence du génome du 2019-nCoV, et permet de détecter la présence du génome viral à partir de prélèvements d’origine respiratoire. Son déploiement en France est prévu dans les prochains jours. Les trois cas français, un à Bordeaux et deux à Paris, ont pu être confirmés par ce test au CNR qui a par ailleurs accepté la demande de l’Organisation mondiale de la santé d’analyser les prélèvements en provenance de pays qui ne disposent pas de cette technique.
Quelles sont les spécificités du virus 2019-nCoV ?
En termes de mutations, l’analyse des séquences du génome du virus sur les quelques semaines de recul dont nous disposons montre que sa séquence est relativement stable. Son pouvoir pathogène est dû à sa capacité à se fixer aux récepteurs des cellules respiratoires humaines.
Selon les informations disponibles, la durée d’incubation d’une infection au 2019-nCoV est de six à sept jours en moyenne. Une étude du « Lancet » a montré qu’elle pouvait être très courte, moins de trois jours. En France, nous avons retenu une durée de 14 jours dans le cadre des procédures de surveillance des cas contacts afin de garantir un niveau de sécurité élevé.
Est-il fortement contagieux ?
Selon une modélisation de l’Imperial College, le taux de reproduction est de trois. C’est un peu au-dessus de la grippe (1,3), mais bien en dessous de la rougeole (15-20) par exemple. Par ailleurs, le taux de reproduction du SRAS était de 2.
Le taux de létalité est d’environ 3 %. Qu’implique ce chiffre ?
C’est bien en dessous du taux de létalité rapporté à la fin des épidémies de SRAS et de MERS qui étaient respectivement de 9 à 10 % et de 25 à 30 %. On est en revanche au-dessus de la grippe saisonnière qui ne dépasse pas les 1 %. Toutefois, cet indicateur n’est pas fiable à ce stade de l’épidémie et son interprétation est délicate, alors que la situation évolue de jour en jour.
Des pistes thérapeutiques sont-elles étudiées ?
La coordination internationale se mobilise pour identifier un ou plusieurs médicaments efficaces. Des médicaments potentiels avaient notamment été testés in vitro pour lutter contre les coronavirus SRAS et MERS et sont étudiés pour le 2019-nCoV.
Pour la vaccination, une réflexion est en cours, mais les vaccins sont soumis à de fortes contraintes de développement et donc de temps.
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