LA CRITIQUE est venue de l’étranger. Au Mexique où était réuni le G20, le Premier ministre britannique, David Cameron, contrairement aux usages diplomatiques, a reproché au président français sa taxe à 75 % sur la tranche de revenus supérieure à un million d’euros et invité nos compatriotes désireux d’entreprendre à s’installer au Royaume-Uni. M. Hollande en a conçu du ressentiment, mais on commence à comprendre sa méthode pour étouffer l’impact des événements embarrassants : il en parle le moins possible. La surtaxation des très hauts revenus n’est pas la mesure la plus scandaleuse que le chef de l’État ait prise ou s’apprête à prendre. Il y en aura d’autres, dans le domaine fiscal, qui frapperont des revenus infiniment moins élevés et donc un grand nombre de ménages. Mais, s’il n’est pas un modèle de délicatesse, M. Cameron n’en a pas moins donné la température. Europe, G8 et même G20 sont des institutions libérales, dans le sens économique du terme. C’est dans ce monde-là que le président Hollande évolue et c’est ce monde-là qu’il croit pouvoir changer.
Soutenu comme peu de présidents avant lui par une majorité massive, M. Hollande ne trouvera pas à l’étranger une parcelle de l’enthousiasme populaire qui l’a porté au pouvoir et lui a donné tous les moyens d’appliquer son programme. La remarque quelque peu arrogante de David Cameron demeure sans conséquences. Barack Obama approuve en gros les idées de François Hollande. En revanche, les partenaires européens de la France comprennent moins bien pourquoi un nouveau président de la République française pressé de remettre de l’ordre dans ses affaires nationales commence par vouloir modifier en profondeur les règles, certes bien imparfaites, qui gouvernent l’Europe. Aux Grecs irresponsables, la France apporte son soutien alors que l’Allemagne les cloue au pilori ; M. Hollande « exige » un pacte de croissance européen, en fait même la condition sine qua non de la coopération de la France en zone euro, alors qu’Angela Merkel voit dans ce pacte « la solution de la médiocrité » ; la chancelière considère les eurobonds comme une fin plutôt qu’un moyen quand M. Hollande souhaite en faire un instrument d’emprunt à taux fixe (et bas) pour toute la zone euro.
Un élément de conflit.
Il va bien falloir que l’on se dise les choses sincèrement les 28 et 29 juin au sommet européen. Mais, pour le moment, le chef de l’État est perçu comme celui qui, dans la tourmente du Vieux Continent, introduit un nouvel élément de conflit entre les partenaires de la zone euro : Mme Merkel n’a pas tout à fait tort de dire que la meilleure façon de stimuler la croissance, c’est encore d’équilibrer les budgets.
Le ministre de l’Économie et des Finances, Pierre Moscovici, a souligné la gravité de la crise à laquelle la France est confrontée et affirme qu’elle la surmontera sans s’appuyer sur un programme d’austérité. Cela nous rappelle Nicolas Sarkozy qui jurait qu’il n’augmenterait pas les impôts et avait aboli l’usage des mots « rigueur » et « austérité ». Ce n’est pas de cette manière que l’on convaincra les Français qu’ils finiront par sortir de la crise. Ils en seront libérés si la communauté nationale fournit un effort exceptionnel, notamment sous la forme d’une réduction de la dépense publique. Quant à la manœuvre qui consiste à trouver en Europe du Sud des alliés pour contrecarrer l’influence de la chancelière allemande, elle n’est sûrement pas inepte mais elle crée un autre sujet de tension et réunit les pots de terre contre les pots de fer.
Le mouvement massif qui a porté François Hollande au pouvoir fait qu’il est désormais comptable de ses échecs comme de ses succès. Son refus du fatalisme est louable : il sait que la diminution des dépenses de l’État aggrave les difficultés sociales d’un pays. Mais compter seulement sur les « énormes réserves » de la fiscalité dans un pays qui consacre déjà 46 % du produit intérieur brut aux impôts, c’est tout simplement réduire les investissements qui contribuent à la croissance.
François Hollande à Los Cabos, au Mexique
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