En 2018, la France comptait 13,1 millions de personnes de 65 ans ou plus, soit 1/5 de la population française totale. En termes de consommation de soins, cette catégorie d'âge qualifiée de seniors se place en tête, avec un profil similaire pour les deux sexes. En revanche, si l'on s'intéresse aux pathologies, l'homme vieillissant se distingue de la femme. Ménopause et ostéoporose au féminin, troubles de la prostate et maladies cardiovasculaires au masculin. L'espérance de vie elle-même constitue une première différence : à 65 ans, elle est de 23,3 ans dans la population féminine, et de 19,4 ans pour les hommes (source Insee/état de santé et dépendance des seniors – 2018).
Le jeu des hormones sexuelles.
La ménopause est généralement une étape importante dans la vie des femmes. Causé par une chute brutale des hormones sexuelles, ce phénomène physiologique se traduit par un cortège de troubles inconfortables. Si les bouffées de chaleur et la sécheresse cutanée sont des symptômes souvent pris en exemple, d'autres troubles moins visibles mais aux conséquences potentiellement graves surviennent à cette période, comme les troubles osseux ou la fonte musculaire. Pour compenser la réduction de la production endogène de vitamine D et la diminution de l'efficacité d'absorption du calcium, une supplémentation est mise en place. Chez l'homme, on observe aussi une diminution des hormones sexuelles au fil des années, mais de manière progressive d'où une symptomatologie plus discrète. Ce phénomène dénommé andropause ne constitue pas le pendant masculin de la ménopause. Il ne s'accompagne pas d'un arrêt de la fertilité et n'est pas constant dans la population masculine.
Le vieillissement du squelette.
Une des conséquences de la ménopause est l'ostéoporose postménopausique. Cette affection touche près de 10 % de la population âgée, majoritairement les femmes. La principale complication de l'ostéoporose est le risque majoré de fracture, parfois d'issue fatale. Si cette fragilisation osseuse est causée par la chute en estrogène, l'homme n'est pas épargné par cette maladie. Plus rare, l'ostéoporose masculine est souvent sous-diagnostiquée. Dans la majorité des cas, elle est secondaire à une prise de médicament ou une maladie.
La prostate : la grande histoire de l'homme.
Exclusivement masculine, l'hypertrophie bénigne de la prostate (HBP) se caractérise par une augmentation naturelle de la taille de la prostate. À partir de 50 ans, on estime que l'HBP concerne plus d'un homme sur deux. Bénigne comme son nom l'indique, elle n'en est pas moins gênante avec un retentissement sur la qualité de vie. Elle se traduit généralement par des troubles urinaires en lien avec la compression de l'urètre. Un traitement est envisagé en cas de gêne fonctionnelle et en fonction de l'importance des troubles. Autre affection prostatique sans lien avec l'HBP mais avec des signes cliniques qui peuvent se confondre, le cancer de la prostate est l'autre pathologie propre à l'homme. Il survient généralement chez l'homme plus âgé avec une incidence accrue à partir de 70 ans.
Le cancer du sein : les femmes et hommes aussi.
Contrairement au cancer de la prostate exclusivement masculin, le cancer du sein peut concerner les hommes, même si cette pathologie reste rare dans cette population. Chez les femmes, le cancer du sein reste le premier cancer en termes de survenue et de mortalité. La fréquence augmente avec l'âge, d'où l'organisation d'un dépistage régulier chez toutes les femmes de 50 à 74 ans.
Le cœur des femmes, une prise de conscience.
Considéré à tort comme une pathologie à prédominance masculine, l'infarctus du myocarde touche les femmes aussi, avec quelques nuances cliniques non négligeables mais encore méconnues. L'infarctus du myocarde est d'ailleurs la première cause de mortalité chez les femmes. Moins spectaculaire que chez l'homme qui se traduit par une douleur dans la poitrine, « l'infarctus du myocarde au féminin est plus sournois et se traduit par une sensation d'épuisement, un essoufflement à l'effort et des nausées », explique la Fédération française de cardiologie. Plusieurs études montrent que la méconnaissance de cette symptomatologie atypique retarde la prise en charge. L'appel aux urgences serait différé d'une trentaine de minutes par rapport à un infarctus chez l'homme. En outre, le tabagisme croissant dans la population féminine contribue à bousculer les chiffres, avec un risque accru en cas d'association à une contraception. « Le tabagisme est associé à un infarctus sur 2 chez la femme avant 50 ans », soulignait le Professeur de cardiologie Claire Mounier-Vehier dans un cahier spécial « Cœur des femmes » (Fédération française de cardiologie).
Les femmes plus sensibles à la perte de mobilité.
Autre phénomène lié au vieillissement, la perte d'autonomie met également en cause le lieu de résidence et le sexe, comme le montre une enquête de l'Insee publiée en 2018. Selon ce travail, une situation de perte d'autonomie est plus fréquemment déclarée chez les femmes de plus de 60 ans et vivant à leur domicile. Cette inégalité entre les sexes s'accentue après 75 ans. Après 85 ans, 3 femmes sur 10 se disent concernées par la perte d'autonomie contre 23 % chez les hommes dans la même tranche d'âge. Les femmes sont davantage confrontées à des limitations physiques dans leur quotidien, qu'il s'agisse de troubles moteurs ou de difficultés d'ordre sensoriel ou cognitif. Pour les auteurs de l'étude Insee, cette situation de perte d'autonomie pourrait s'expliquer par une prédominance des troubles osseux, articulaires dans la population féminine. Les femmes âgées sont également plus nombreuses à déclarer des troubles dépressifs ou une atteinte neuro-dégénérative. La consommation de psychotropes est d'ailleurs 2 fois plus fréquente chez les femmes âgées, en particulier lorsqu'elles vivent à leur domicile.
L'ensemble de ces éléments conditionne le discours des professionnels de santé, dont les pharmaciens, et offre des opportunités d'action de prévention adaptées à chaque sexe.
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