Selon l’OMS en 2003, “Il se pourrait que l’amélioration de l’observance donne de meilleurs résultats sanitaires que l’avènement de nouvelles technologies.” Il appartient donc au pharmacien d’essayer d’améliorer cette observance en participant aux campagnes de sensibilisation, aux programmes d’éducation thérapeutique et en fournissant des conseils adaptés.
Cibler les personnes à risque
À condition qu’un patient se rende dans la même officine, le pharmacien peut parfois repérer une sur-observance (visites rapprochées) ou une sous-observance (visites espacées). Certains propos tenus par les patients peuvent également alerter sur le risque d’arrêter prématurément son traitement : “mon médicament a un mauvais goût”, “je ne supporte plus ces effets indésirables”, “mon médicament n’est pas efficace”, « ma tension est redevenue normale », « ma dépression est finie », “ma prise de sang est bonne”, “je n’ai plus mal à la gorge”… En plus de l’écoute, il est important de poser les bonnes questions, tout en veillant à ce que la personne ne se sente pas jugée ou surveillée.
Attention aussi aux ordonnances comportant plus de 4 médicaments par jour !
Différentes situations de la vie peuvent mettre un patient en difficulté face à son traitement : un veuvage récent pour un homme dont la femme avait pour habitude de préparer son pilulier (ou vice-versa), les suites d'une hospitalisation qui est une période fragile pour le patient qui sort parfois avec un état clinique dégradé et avec en plus des traitements plus lourds et pas toujours expliqués.
Une personne active peut omettre de prendre son traitement par souci de discrétion : les prises du midi sont alors les moins acceptées. Sans compter les prescriptions d’antibiotiques en trois prises par jour chez l’enfant qui ne peuvent être respectées à cause de l’interdiction d’apporter un médicament à l’école.
Adapter l’information
En fonction de l’âge et de la compréhension du malade âgé, il pourra être nécessaire de communiquer différemment : employer un débit de parole plus lent, parler plus fort, reformuler, associer des gestes aux paroles, écrire ce qu’on dit… S’assurer que le patient a bien compris (le faire répéter par exemple). Si possible, donner aussi l’information à la famille et à l’entourage pour favoriser leur implication.
Rassurer sur les effets indésirables
Chaque dispensation mensuelle est l’occasion d’informer, de réinformer en ciblant particulièrement les médicaments les plus à risque.
Les effets indésirables, même s’ils sont le plus souvent bénins et transitoires, sont sources d’interruption de traitement, quels qu’ils soient : vertiges, céphalées, nausées, difficultés de concentration, somnolence, troubles digestifs… Le patient retarde parfois la prise de son médicament jusqu'à ce que les symptômes de la maladie soient plus inacceptables que les effets indésirables du traitement. Parfois même (voire fréquemment) la simple lecture de la notice suffit à ne pas commencer un traitement ! Le médicament prend alors l’image d’un poison. Or le seul fait d’être prévenu d’un effet indésirable peut le rendre plus acceptable. La connaissance du traitement (indication, posologie…) et de ses effets indésirables rend le patient acteur et permet une meilleure acceptation. Lui rappeler aussi que la plupart du temps, des alternatives thérapeutiques existent en cas d’effets indésirables trop intolérables.
S’approprier un nouveau médicament
Lors de la délivrance d’une première prescription, quelques démonstrations simples peuvent souvent permettre de lever des craintes : ainsi faire manipuler les médicaments tels qu’un aérosol, un collyre, un flacon compte-gouttes, ou un comprimé à couper permet de s’assurer que le patient sera capable de les utiliser. Attention aussi aux gros comprimés difficiles à déglutir, aux sirops avec lesquels la cuillère mesure n’est pas fournie (risque d’utiliser une cuillère à soupe au lieu d’une cuillère à café), aux blisters ou aux sachets difficiles à ouvrir… Évoquer si nécessaire le goût amer d’un médicament. À noter : le goût du médicament a une influence également sur l’observance, mais différente selon les patients : certains abandonneront leur traitement en cas de mauvais goût tandis que d’autres penseront que plus c’est mauvais, plus c’est efficace !
Adapter la prise à son quotidien
Il est important d’apprendre à adapter son traitement à la vie quotidienne et non l’inverse. Chaque astuce est personnelle pour pallier un oubli : déposer les médicaments dont la prise se fait le soir sur la table de chevet, placer ses médicaments à côté de la brosse à dents, instaurer une alarme à l’heure de la prise pour les personnes actives qui oublient…
Si nécessaire, réfléchir avec le patient et le prescripteur si une prise peut être décalée par souci de simplification, si une autre forme galénique permet de faciliter la prise (forme LP, forme qui s’emporte facilement avec soi, forme plus discrète…)
Et les génériques ?
Les génériques peuvent être à l’origine de deux types de mauvaise observance : intentionnelle ou non intentionnelle. La première sera liée à une réticence vis-à-vis du générique en général. Le second type de mauvaise observance sera lié à des erreurs, plus fréquentes au début d’une substitution : prise simultanée du générique et du princeps, prise de deux génériques de marque différente mais ayant la même composition… En relisant l’ordonnance avec le patient, en lui montrant le princeps et le nouveau générique qui va le remplacer, on peut parfois facilement lever des difficultés. Les autres façons d’éviter les confusions consistent à inciter le patient à terminer son traitement princeps avant de commencer le générique, lui montrer le médicament princeps qu’on va remplacer et le comparer au médicament générique, lui faire ramener les médicaments périmés et non utilisés.
Pour éviter ce risque d’erreur également, les pharmaciens se sont engagés dans le cadre de la convention nationale avec l’Assurance Maladie à assurer la stabilité de la dispensation auprès des personnes âgées de plus de 75 ans, sur un certain nombre de molécules utilisées dans le traitement des pathologies chroniques : diabète de type 2, hypercholestérolémie, HTA, insuffisance cardiaque chronique… La fréquence des ruptures de stock ne facilite pas cette démarche et nécessite de réexpliquer fréquemment la substitution au patient.
Les laboratoires de médicaments génériques multiplient aussi leurs efforts en agissant sur les boîtes, les couleurs, les formes de comprimés, les pictogrammes qui reprennent les informations principales à donner lors de la délivrance, les notices en caractères agrandis, les conditionnements unitaires… Ils proposent également sur leur site internet des plans de prise personnalisés à imprimer, et certains laboratoires se sont lancés dans le développement d’applications mobiles (MediRappel de Biogaran ou aBox Memo du laboratoire Arrow…), rejoignant les applications déjà existantes. Après avoir renseigné l'ensemble de son traitement dans l’application, le patient reçoit une notification de rappel pour ses prises médicamenteuses, il valide sa prise pour un meilleur suivi et a également la possibilité d’imprimer son plan de prise.
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