On considère classiquement que le vieillissement correspond à l’ensemble des processus physiologiques et psychologiques qui modifient les structures et les fonctions de l’organisme à partir de l’âge « mur », que l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé) a fixé à 65 ans.
Le système cardio-vasculaire
Physiopathologie : le vieillissement est associé à une rigidification progressive des artères entraînant une augmentation de la pression artérielle systolique ainsi que de la masse cardiaque. Il s’y ajoute un dysfonctionnement de l’endothélium vasculaire, une perte de myocytes et une fibrose de réparation. Avec le temps, le débit cardiaque diminue et le cœur perd peu à peu sa capacité à augmenter son rythme en réponse à la stimulation du système nerveux autonome.
Symptômes : diminution de la tolérance à l’effort, risque d’insuffisance cardiaque (essoufflement rapide), d’une insuffisance coronarienne et d’accidents vasculaires cérébraux.
Impact sur la qualité de vie : diminution de la capacité d’effort.
Prise en charge : suivi cardiologique régulier, suppression d’un tabagisme actif, surveillance/contrôle du niveau de la pression artérielle, du bilan lipidique, du poids, d’un éventuel diabète. Le maintien d’une activité physique régulière (par exemple au sein des Clubs Cœur et Santé*) est un facteur essentiel.
Les articulations
Physiopathologie : les ligaments se calcifient, s’ossifient et les articulations rapetissent du fait de l’érosion des surfaces cartilagineuses. Si certaines articulations deviennent moins souples, d’autres deviennent au contraire plus flexibles et hyperélastiques. L’arthrose accompagne classiquement l’avancée en âge, qui correspond à la destruction progressive de la couche de cartilage qui recouvre l’extrémité des os au sein des articulations, mais avec de grandes différences d’un sujet à l’autre (vitesse d’évolution, nombre d’articulations atteintes). Il faut y ajouter, de manière connexe, l’ostéopénie/ostéoporose et la sarcopénie (baisse de la force musculaire : de 30 % à 80 ans).
Symptômes : le symptôme principal de l’arthrose est représenté par la douleur (dont dépend la gêne), typiquement déclenchée par l’usage de l’articulation et calmée par le repos.
Impact sur la qualité de vie : il peut être très important, du fait de douleurs, d’une réduction du périmètre de marche, et de la mobilité en général (invalidité douloureuse), en rendant plus difficile la préhension des objets…
Prise en charge : l’efficacité des anti-inflammatoires par voie générale (en cure courte) est souvent spectaculaire sur la douleur et le gonflement des articulations. Mais ces médicaments exposent le sujet âgé à un risque accru d’effets indésirables graves (hémorragie/perforation digestive, rétention hydrosodée, insuffisance rénale fonctionnelle) du fait de comorbidités fréquentes, de la polymédication qui augmente le risque d’interactions médicamenteuses et d’un terrain fragilisé. Parmi les conseils : perdre un peu de poids (mais jamais de régime chez un sujet âgé sans contrôle médical), éviter les traumatismes (surtout répétés), utiliser des semelles adaptées à la morphologie, marcher modérément en restant toujours en deçà du seuil douloureux, utiliser des aides techniques, maintenir/rétablir une masse musculaire satisfaisante (apports protéiques, exercice physique, électrostimulation).
La sénescence cognitive
Physiopathologie : diminution du nombre de neurones corticaux, raréfaction de la substance blanche, diminution de certains neurotransmetteurs intracérébraux (en particulier l’acétylcholine). S’il faut avoir toujours présent à l’esprit la possibilité d’une maladie d’Alzheimer, d’autres types de démences sont possibles (auxquelles on peut ajouter le rôle de l’alcoolisme, de l’hypo/hyperthyroïdie, des carences en vitamine B12 ou en folates, de l’insuffisance rénale, hépatique ou pulmonaire, qui peuvent être accompagnés de troubles cognitifs).
Symptômes : toute la difficulté est de distinguer entre le vieillissement « physiologique » et les premiers symptômes d’une pathologie dégénérative et/ou vasculaire (voire d’une tumeur cérébrale). Le profil des troubles cognitifs liés au vieillissement concerne avant tout la mémoire, l’attention/concentration, un ralentissement de la vitesse de traitement des informations, la flexibilité mentale (difficulté à passer d’une information à une autre), la quantité et la qualité du sommeil.
Impact sur la qualité de vie : il peut être, selon le cas, relativement léger ou à l’inverse considérable, avec un risque de glissement vers une perte d’autonomie voire la dépendance.
Prise en charge : elle doit commencer par une évaluation rigoureuse par un spécialiste. Attention aux médicaments pouvant exercer des effets indésirables sur le fonctionnement cognitif : psychotropes (benzodiazépines, neuroleptiques…), médicaments à effets anticholinergiques (anti-H1, antidépresseurs tricycliques)…
Exemples d’actions pratiques : contrôle d’une éventuelle hypertension artérielle, révision systématique des prescriptions médicamenteuses, traitement d’un syndrome dépressif, utilisation prudente de psychotropes, prise en charge psychologique et/ou psychiatrique.
Le vieillissement cutané
Physiopathologie : le renouvellement de l’épiderme ralentit, la peau perd de son élasticité, le nombre de glandes sudoripares baisse, ainsi que leur capacité à réagir aux stimuli. La pilosité axillaire et au niveau du pubis diminue. Les facteurs externes jouent aussi un grand rôle : exposition solaire (et aux UV en général), froid, vent, chaleur, tabagisme, pollution, alcool…
Symptômes : les signes les plus emblématiques sont représentés par les rides, l’élastose, la baisse de la croissance des cheveux (et leur grisonnement) et des ongles, le purpura sénile (dos des mains et des avant-bras), les angiomes séniles, les hypo et hyperpigmentations, les lésions proliférantes (bénignes : verrues séborrhéiques, glandes sébacées hypertrophiées, taches solaires ; pré-malignes et malignes : kératose actinique, carcinomes basocellulaires, épithéliomes spinocellulaires, mélanomes malins), la xérose, la rosacée, le prurit chronique.
Impact sur la qualité de vie : la sécheresse cutanée peut être à l’origine de manifestations gênantes parmi lesquelles un prurit (peut être insomniant).
Prise en charge : surveillance et/ou traitement des lésions pré-malignes (notamment d’une kératose actinique), utilisation régulière de produits de nettoyage doux, conseiller de préférer les douches à des bains prolongés, lotions et crèmes hydratantes.
La détoxification (rein et foie)
Physiopathologie : la structure et la fonction du rein se modifient au cours du vieillissement, avec une diminution progressive du débit de filtration glomérulaire (passe en moyenne de 140 à 80 mL/min entre 20 et 80 ans). On observe également une perturbation de l’adaptation rénale lors d’une restriction ou d’une charge sodée. Le risque d’hyperkaliémie augmente avec l’âge. La capacité de métabolisation hépatique diminue avec l’âge : en tenir compte pour les médicaments subissant un fort effet de premier passage.
Symptômes : l’insuffisance rénale est le plus souvent asymptomatique, hormis un possible prurit. En cas de surcharge sodée, il existe un risque d’œdème des membres inférieurs, voire d’œdème aigu du poumon en cas de cardiopathie sous-jacente.
Impact sur la qualité de vie : il est très important au stade avancé d’insuffisance rénale chronique sévère (dialyse, augmentation du risque d’infarctus du myocarde et d’accident vasculaire cérébral).
Prise en charge : la posologie des médicaments éliminés préférentiellement par voie rénale doit être adaptée en utilisant la formule de Cockroft et Gault (clairance de la créatinine en mL/min) ; néanmoins, cette formule est moins efficiente au-delà de 80 ans. Il est essentiel d’obtenir un bon contrôle de la pression artérielle en cas d’hypertension.
*Fédération Française de Cardiologie : www.fedecardio.org
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