DANS LE COMBAT que Bachar El-Assad livre à son propre peuple, la clé de sa sauvagerie n’est rien d’autre que le mépris absolu de la vie. Aux abois, le tyran le plus impitoyable du monde exige simplement que les Syriens se mettent à genoux et implorent son pardon. On nous dit qu’Assad est condamné, qu’il ne se relèvera jamais des souffrances qu’il a infligées à ses sujets. C’est peut-être ignorer qu’il n’y a pas en lui la moindre once de compassion, que s’il a fait tuer sept mille personnes, parmi lesquelles des femmes et des enfants, s’il a fait pourchasser des blessés pour les achever, des médecins parce qu’ils osaient soigner les victimes, des journalistes parce qu’ils ont des yeux pour voir, c’est parce qu’il ne poursuit qu’un but : triompher par la force, au mépris de l’indignation mondiale et survivre, politiquement ou autrement, et quoi qu’en disent l’ONU, l’Europe ou l’Amérique.
On nous dit encore : à quoi bon intervenir ? Nous l’avons fait en Libye, mais nous n’y avons pas instauré le calme et la démocratie. En politique, même extérieure, l’émotion joue un rôle. Tout à coup, la sinistre répression, qu’elle vienne de Kadhafi ou d’Assad, devient intolérable. Nous sommes sommés d’agir au nom du plus simple des humanismes. Comment ne pas voler au secours de cette journaliste du « Figaro », Édith Bouvier, grièvement blessée, menacée d’amputation parce que le piège syrien s’est refermé sur elle ? Le pire, peut-être, c’est que non seulement aucune intervention militaire n’est possible, mais le précédent libyen a conduit la Russie et la Chine à s’opposer à toute résolution du Conseil de sécurité. Moscou a refusé de donner son blanc-seing à une condamnation du régime syrien. Son ministre des Affaires étrangères, pour prouver l’efficacité de sa méthode, prétendûment plus subtile, s’est rendu à Damas pour obtenir d’Assad des concessions. Ayant échoué, il s’est néanmoins opposé à toute intervention purement humanitaire, à une trêve quotidienne pour enterrer les morts et évacuer les blessés, à un minimum d’aide morale.
L’histoire en marche.
La responsabilité que la Russie prend devant l’histoire est immense. Vladimir Poutine, qui entend être élu président le 4 mars prochain, est le plus grand truqueur électoral du siècle. Son stratagème consistait à donner la présidence à Dmitri Medvedev en 2008, pour mieux la récupérer cette année et, cette fois, y rester jusqu’en 2024. Pour la première fois depuis qu’ils ont placé Boris Eltsine au pouvoir, les Russes sont indignés par ce tour de passe-passe. Encore une opposition à réprimer par la force, quelle importance ? Poutine, qui ne cesse de se moquer des États-Unis et de l’Europe, fragiles à ses yeux parce que, justement, ils respectent le fonctionnement de la démocratie, est assis sur son pétrole, chaque jour plus cher. Il n’a aucune ambition pour la Russie sinon de l’anesthésier en redistribuant une partie de la manne pétrolière.
On nous a dit, au lendemain de l’effondrement de l’URSS, que l’histoire s’arrêtait. Elle a été riche au contraire d’événements sanglants. Poutine ne restera pas au Kremlin pendant encore douze ans parce qu’il finira par en être chassé au prix d’une révolte ou d’une révolution qui fera de nombreuses victimes. Assad peut l’emporter, mais provisoirement. Abdoulaye Wade qui exige un troisième mandat de ses concitoyens sénégalais, alors qu’il a fait voter une Constitution lui interdisant justement d’exercer plus de deux mandats, sait ce matin s’il est réélu. Mais s’il l’est, combien de Sénégalais périront pour qu’il reste actif au-delà de son âge, 85 ans ?
On ne satisfera pas non plus du tribalisme qui règne en Libye où les combattants d’hier ne veulent pas déposer les armes et où chaque grande ville est devenue une sorte de principauté indépendante, ce qui interdit le retour à la paix et à la reconstruction. On est consterné par le comportement des dictatures iranienne et nord-coréenne pour qui la violence, la mort, la souffrance n’ont pas la moindre importance, pourvu que restent au pouvoir des illuminés ou des guignols dépourvus de toute légitimité. On assiste, atterré, au triomphe de l’injustice, de la violence, de l’irrationnel. L’histoire humaine, n’est-ce pas ? est un récit raconté par un idiot plein de bruit et de fureur, et qui ne signifie rien.
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