« Le patient ne doit pas avoir le sentiment d’aller au confessionnal au fond de la pharmacie quand il bénéficie d’un entretien pharmaceutique. » C’est par cette image que le Pr Olivier Bugnon, pharmacien d’officine suisse, a conclu son intervention lors du 18e congrès de la Société française de pharmacie clinique (SFPC) à Marseille.
La présentation du concept de policlinique médicale universitaire (PMU) du centre hospitalier de Lausanne a offert une approche innovante de la pratique pharmaceutique. De l’autre côté de la frontière helvétique, le développement de la pharmacie clinique ambulatoire a de quoi susciter la curiosité des pharmaciens titulaires français.
Sur le papier, le centre médical Unisanté ressemble fortement à nos maisons de santé. L’idée est de réunir en un même lieu une offre de soins pluridisciplinaires. Mais, la différence repose sur la présence d’une composante de recherche universitaire annexée à la structure. Car, oui, nos confrères Suisses l’ont bien compris. Pour pouvoir développer de nouvelles pratiques, la production scientifique est indispensable pour convaincre les autorités de tutelle. Et, n’ayons pas peur de le dire, c’est l’approche économique qui concentre les principaux sujets de recherche. Même si le sujet peut être tabou, la question financière est centrale.
Réorganiser les ressources humaines
Pour le Pr Bugnon, nous devons même revoir nos pratiques professionnelles en fonction de la rentabilité des actions réalisées. Un exemple tout simple est le temps pharmacien accordé lors d’un entretien pharmaceutique.
L’équipe Suisse a ainsi revu sa pratique en réorganisant les ressources humaines de la pharmacie. Le rôle des assistants (l’équivalent de nos préparateurs) a été renforcé. Une grande partie du travail préparatoire a ainsi été confiée à ces collaborateurs. Cela permet d’avoir un temps pharmacien optimisé sur des tâches à valeur ajoutée.
Un autre aspect de la valorisation des métiers de l’officine est la recherche universitaire. Et sur ce point la comparaison avec le fonctionnement des laboratoires pharmaceutiques est intéressante à mettre en parallèle. L’industrie possède bien des services de recherche et de développement pour rester compétitif. Alors pourquoi la ville n'aurait-elle pas la même approche ? Et c’est là où Unisanté est novateur. La structure utilise des ressources universitaires pour produire des travaux de recherche. Ces publications scientifiques permettent ainsi de faire évoluer les pratiques. Et c’est peut-être là où notre système des maisons de santé a ses limites : la valorisation des actes. Car l’approche économique constitue pour nos politiciens une argumentation importante dans les prises de décision. Un retour sur investissement constitue bien souvent le résultat attendu. La pharmacie suisse est un exemple à regarder de plus près en France.
Lien : https://www.pmu-lausanne.ch
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