LE QUOTIDIEN - Le LEEM a signé avec le ministère du Développement durable une convention qui l’engage moralement dans le domaine environnemental. Dans quel état d’esprit la signez-vous ?
CHRISTIAN LAJOUX - Cela fait maintenant plusieurs années que le LEEM a engagé le chantier de la responsabilité sociétale des entreprises (RSE). L’état d’esprit qui nous anime aujourd’hui, c’est la prise en compte des préoccupations de santé et d’environnement dans une démarche de coopération contractuelle avec les pouvoirs publics. Nous avons une longue tradition de partenariat avec les autorités du pays et le développement durable n’échappe pas à cette règle. Au sein du LEEM, nous avons ainsi développé un comité RSE, qui a pour mission de réfléchir et de travailler sur les axes de partenariat avec le ministère de l’Écologie, de l’Énergie, du Développement durable et de l’Aménagement du territoire (MEEDDAT) de Jean-Louis Borloo. Au passage, je précise que beaucoup d’entreprises membres du LEEM ne partaient pas de zéro et qu’elles ont vu dans nos discussions l’occasion de s’inscrire dans la démarche de progrès qu’apportera le Grenelle de l’environnement. À côté de ce comité RSE, nous avons également constitué un comité « Parties prenantes », qui comprend les associations de patients et de défense de l’environnement, les écoles et les universités qui travaillent sur le développement durable et des ONG. Cela nous a permis d’engager un débat contradictoire sur ces questions, et nous a mis face à une multiplicité de demandes qui n’étaient pas forcément maillées entre elles. Cela nous a également confirmé l’éventail des impacts environnementaux et sociétaux du médicament.
Dans cette démarche, êtes-vous vraiment suivi par les entreprises qui composent le LEEM ?
Absolument. Il y a eu beaucoup de débats, notamment sur le fait que les entreprises du médicament agissent dans le cadre d’une économie administrée, avec des prix régulés. Nous vivons déjà de nombreuses contraintes, et la crainte était réelle de voir de nouveaux coûts nous être imposés. Mais le dialogue avec les pouvoirs publics a permis de lever un certain nombre de préventions. Je suis aujourd’hui un président du LEEM très heureux de dire que j’ai fait adopter à l’unanimité par notre conseil d’administration le principe et le texte de cette convention.
Cette convention n’engage pas juridiquement le LEEM et les entreprises qui le composent, mais « consacre une volonté de progrès partagé ». Est-ce suffisant en matière d’environnement ?
C’est essentiel, car il s’agit de se retrouver dans une volonté de progrès partagé. À partir du moment où, comme je l’ai indiqué, la totalité de nos entreprises adhère à cette convention, le LEEM s’inscrit dans un processus qui permettra, sans contraintes, de réaliser les engagements auxquels nous souscrivons.
À défaut de contraintes, vous engagez-vous à mettre en place un certain nombre d’indicateurs quantitatifs et qualitatifs qui permettraient de mesurer l’avancement de vos engagements ?
Bien sûr. Le risque était de s’engager sans être capables de mesurer quoi que ce soit. Nous avons mis en place des critères qui permettront d’évaluer dans le temps les progrès que nous accomplirons, tout en sachant qu’il y a de nombreuses entreprises qui faisaient déjà beaucoup de développement durable, sans l’annoncer et sans l’afficher.
Avez-vous mesuré l’engagement humain et financier que cette convention représente pour le LEEM et ses adhérents ?
L’engagement est tout d’abord humain, et c’est la raison pour laquelle un des aspects de la convention porte sur la sensibilisation et la formation de nos collaborateurs au sein même des entreprises. Un certain nombre des actions que nous allons mettre en place va également passer par des investissements nouveaux pour les industriels du médicament. C’est le cas quand on améliore la qualité, ou la compétitivité de certains process, ou quand on s’inscrit dans une démarche d’excellence. Nous avons prévu un suivi régulier de l’impact économique et financier des engagements que nous prenons. En fonction des résultats, il nous faudra peut-être évaluer avec nos autorités la possibilité d’une éco-contribution, comme cela existe déjà dans un certain nombre d’activités industrielles. Sachant que le médicament relève d’un secteur réglementé sur les prix, il est encore trop tôt à mon avis pour aborder cette piste de réflexion.
La convention prévoit aussi des incitations positives, dans le cadre de l’économie administrée qui vous caractérise. Quelle forme ces incitations positives pourraient-elles prendre ?
Il est sans doute trop tôt pour en parler, mais un certain nombre de sujets pourraient être discutés avec le CEPS, à travers la façon dont il gère les conventions individuelles avec chacune de nos entreprises.
Je rappelle qu’il existe déjà des éléments incitatifs dans le cadre réglementaire, comme le crédit impôt recherche par exemple.
et des investissements nouveaux
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