FRANÇOIS HOLLANDE fait la course en tête. À 34 jours du premier tour, il est dans une position enviable dont ne jouissait pas Nicolas Sarkozy à la même époque en 2007. Il a donc de bonnes chances de l’emporter. Il représente en outre une aspiration populaire à l’alternance, après 17 années d’exercice du pouvoir par la droite. Il apporte un espoir aux pauvres, aux chômeurs et aux précaires qui voient dans ses promesses fiscales le coup de bâton qu’ils ont furieusement envie de donner aux « riches ». Et peu importe ce que cela coûtera.
En même temps, le candidat socialiste est prisonnier de son image, celle de l’équité. Après deux crises qui ont sonné le pays, il ne saurait proposer de la sueur et des larmes. Il faut, s’il veut vaincre, qu’il annonce des lendemains qui chantent. Le débat, avec Nicolas Sarkozy, ne devrait donc pas porter sur les mesures que M. Hollande entend adopter, mais sur l’aventure vers laquelle il risque de nous entraîner. La concurrence vivace de Jean-Luc Mélenchon ne constitue pas une menace parce que le candidat du Front de gauche grappille un point ici ou là, mais parce qu’il fait apparaître M. Hollande comme le sage qu’il est sans doute par le caractère, mais qu’il ne sera plus lorsque ses électeurs exigeront de lui qu’il applique réellement les dispositions qu’il a annoncées. Mélenchon étant l’extrémiste, Hollande serait le centre.
On accordera d’ailleurs au candidat du PS le crédit de son honnêteté intellectuelle : il fera ce qu’il a dit. Il ira négocier à Bruxelles et à Berlin une refondation européenne alors que la zone euro est bousculée par les turbulences et a surtout besoin de stabilité institutionnelle ; il découragera, par une fiscalité trop lourde, le goût d’investir ; il créera des emplois publics coûteux qui, par contrecoup, réduiront les créations d’emplois dans le privé. Il restera en équilibre instable sur la crête d’une économie de marché assommée par l’impôt, mais qu’il n’est plus question de nationaliser ou de planifier. C’est le destin de toute social-démocratie, avec les charges accablantes qu’ajoute une conjoncture déprimée.
M. Sarkozy, lui, est prisonnier de l’indispensable austérité, qu’il est parvenu à appliquer sans en dire le nom. Par bribes, il annonce quand même quelques dépenses supplémentaires dont il n’a pas le financement. Il ne l’a pas parce que personne en France ne l’a. L’immense non-dit de la campagne, c’est que notre salut passe par la résorption la plus rapide possible de nos déficits budgétaire et sociaux, impliquant des économies (qui vont faire très mal à l’assurance-maladie) et la poursuite de la réforme des retraites. Le président sortant ne peut pas tenir ce langage, qui lui coûterait des suffrages alors qu’il lui en manque déjà, et il n’ose pas trop parler de son bilan, dont nous continuerons à écrire, quoi qu’il en coûte, qu’il contient un effort de modernisation de notre économie et prépare le terrain à la réindustrialisation.
Le choix inéluctable du second tour.
On rétorquera, très justement, que l’offre politique ne se limite pas à MM. Hollande et Sarkozy. Il n’empêche que la probabilité d’une victoire de François Bayrou, lequel, effectivement, fait sa campagne sur le fond, est à peu près nulle. Les sondages font apparaître une vague remontée de M. Sarkozy, et nous nous garderons bien d’annoncer le résultat d’un scrutin aussi important avant la fin du second tour. Il demeure que la France échappera sans doute aux programmes, magiques et insensés, des extrêmes. Et que la bipolarisation de la campagne annonce un choix inéluctable au second tour entre le président sortant et le candidat socialiste.
S’ajoute à notre réflexion le souci de la carrure des deux candidats dits principaux. Il va leur falloir une force herculéenne pour combiner la baisse de la dépense publique et le retour à la croissance par des mesures incitatives. Nicolas Sarkozy a montré qu’il peut dominer une crise, mais il n’est pas efficace dans la gestion tâtillonne des deniers publics. Et s’il n’y a pas de raison de douter des capacités de François Hollande (excellent économiste par ailleurs), on peut craindre son inexpérience quand il voudra tenir la dragée haute à Angela Merkel. Tout notre propos, ici, consiste à exprimer une inquiétude au sujet d’une campagne susceptible, par les effets divers que recherchent les candidats, de déboucher sur une gouvernance incapable de tenir le cap.
Mélenchon étant l’extrême, Hollande serait le centre
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion