Le placenta des mammifères est une cible privilégiée des perturbateurs endocriniens, et notamment du bisphénol A. Les craintes des consommateurs vis-à-vis de ce plastifiant ont d'ailleurs conduit de nombreux pays, dont la France, à interdire son utilisation dans les contenants alimentaires. Depuis le 1er janvier, il n'est plus non plus possible d'en incorporer dans les tickets de casse. En réaction à cette nouvelle législation, les industriels se sont rabattus sur d'autres composés aromatiques de la même famille, dont le bisphénol S.
Selon des travaux menés par des chercheurs de l'université du Missouri chez la souris et publiés mardi 18 février dans les « PNAS », ces produits de remplacement produiraient les mêmes effets que le bisphénol A. « L'utilisation du bisphénol S pourrait se révéler aussi hasardeuse que celui du bisphénol A », alertent les chercheurs.
Les auteurs ont adopté une approche multi-omiques, c’est-à-dire qu'ils ont analysé l'effet de l'exposition au bisphénol S sur l'altération du génome et de son expression dans les trophoblastes du placenta, ainsi que sur le profil protéique de ces cellules. Des souris ont été exposées à du bisphénol A ou au bisphénol S via leur alimentation (200 μg/kg) pendant 2 semaines puis ont été rendues gestantes. Les animaux ont continué à être exposés au bisphénol jusqu'à la 12e journée de gestation. Des effets de cette exposition ont été observés sur l'expression génétique et la morphologie du placenta était identique quel que soit le type d'exposition.
13 gènes impliqués
Pas moins de 13 gènes différents voient leurs expressions également perturbées dans les 2 groupes de souris. Au niveau des conséquences morphologiques, les chercheurs ont observé l'apparition de défauts au niveau de la zone de jonction entre le placenta et l'endomètre. L'équilibre entre l'espace occupé par les spongiotrophoblastes (dont le rôle est de sécréter des facteurs antiangiogéniques qui empêcheraient la croissance des vaisseaux maternels dans la partie fœtale du placenta) et celui occupé par les cellules trophoblastiques géantes (qui favorisent l’implantation et l’invasion de l’utérus par l’embryon), est altéré au profit de ces dernières.
De plus, il a été constaté des altérations dans la production de sérotonine et de dopamine qui pourraient être associées à des troubles du développement cérébral du fœtus. « Cette corrélation forte entre perturbation de l'expression de la sérotonine et de la dopamine et la réduction de spongiotrophoblastes suggèrent que ces neurotransmetteurs sont essentiels au maintien de ces populations de cellule dans la zone de jonction », ajoutent les chercheurs, qui supposent que les spongiotrophoblastes ou les cellules trophoblastiques géantes constituent des cibles directes des perturbateurs endocriniens de la famille des bisphénols.
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