J’ACCUSE la politique de santé de rationalisation des soins lancée par l’État, d’être en fait une politique de rationnement des soins, en particulier en milieu rural. 25 % de la population y vit sur 60 % du territoire. À l’échelle des cinq ans à venir, 35 à 40 % des médecins (ceux du baby-boom) selon les secteurs vont partir à la retraite et ne seront pas remplacés. Et il n’y a aucune loi de répartition démo-géographique opposable aux jeunes médecins, donc liberté totale d’installation. Que font-ils de la délégation de santé publique que leur octroie leur doctorat d’exercice ? Leurs études ne sont-elles pas financées par l’argent public, payées par la collectivité, comme pour les autres professionnels ? Cette régulation existe bien pour les pharmaciens et les infirmier(es) ! Que font les instances décisionnelles ? Plus de médecin en milieu rural, les pharmaciens vont suivre ; les ordonnances représentent 85 % de l’activité ; il n’y aura plus d’accueil ni d’accès aux conseils de premier recours d’un professionnel de santé scientifique de haut niveau ; de plus, le rapport de l’IGAS préconise pour faire face aux nouvelles missions de la pharmacie un chiffre d’affaires tel (1,5 m€) pour augmenter les effectifs de ces officines, que cela aboutira à la disparition de plus de 47 % des officines (regroupement dans les villes). Et pour les zones rurales certains syndicats professionnels voudraient que la population soit à 12 mn, voire 15 mn, d’une officine (soit une pharmacie tous les 30 km) et les recentrer au niveau des chefs lieux de cantons !
Le manque de place et le coût des hébergements font que le nombre de personnes âgées en maintien à domicile est en constante augmentation, avec des pathologies de plus en plus lourdes liées au grand âge.
Comment, dans ces cas-là, va-t-on gérer la logistique de la dispensation des traitements à domicile ?
La dépendance devait être une grande cause nationale, où en est-on ? Réduction des sommes allouées par les conseils généraux exsangues pour l’aide aux personnes âgées (APA), diminution prévue des aides fiscales pour les personnes employeurs d’aide à domicile… Tout cela ne va pas améliorer les choses, loin de là.
Mes chers concitoyens, c’est à vous d’interpeller vos élus, il faut qu’ils se rendent compte du désert médical qui se profile et qui va se terminer par un exode des jeunes que la bulle immobilière a incité à construire en milieu rural et ce faute de services de proximité (école, poste, bar, médecin, pharmacie, etc.).
Quant aux jeunes médecins qui sont en train de faire mourir la médecine libérale, ils finiront salariés des grandes mutuelles, et là nous aurons une médecine à deux, trois ou quatre vitesses ! Dans l’intérêt de la santé publique il est urgent de maintenir un service de santé de qualité et de proximité et un accès aux soins pour tous, principe de base de l’instauration de la Sécurité sociale. Il faut faire comprendre à nos élites politiques, en particulier nos énarques, que la santé n’est pas qu’une question arithmétique et que le quart-monde est à notre porte ; comment peut-on accepter comme un mal nécessaire que les restos du cœur distribuent plus de 20 millions de repas par an, et de voir à la télévision des étudiants, des travailleurs pauvres, des petits retraités fouiller les poubelles des marchées et des grandes surfaces pour trouver de quoi se nourrir ?
J’accuse nos dirigeants de nous préparer une catastrophe sanitaire dans les 5 à 10 ans. Réveillez-vous, l’urgence c’est maintenant ! Faites que la santé soit dans les débats politiques à venir et dans le milieu rural.
N’acceptez pas d’être des sous-citoyens justes bons à payer l’impôt et à ne rien recevoir en retour de ce que vous êtes en droit d’obtenir de la société.
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