TOUT RÉCEMMENT j'ai dû me rendre chez le dentiste assez précipitamment, et j'en suis ressortie la gencive et la joue complètement indifférentes à ce qui se passait, et une ordonnance à la main. Ça n'a pas traîné, je suis allée direct dans une pharmacie chercher mon antibiotique. Comme je suis tombée sur un pharmacien consciencieux, j'ai eu à passer le barrage de ses questions et de ses conseils :
Lui : c'est pour vous ?
Moi : hmm hmm.
Lui : vous acceptez les génériques ?
Moi : hmm hmm.
Lui : vous n'avez pas d'allergie aux antibiotiques ?
Moi : hon hon.
Lui : c'est à prendre bien aux repas… et pas d'alcool avec.
Moi : hmm hmm.
Et je suis repartie sans embûche avec mes comprimés. Le dentiste, lui, ne m'avait rien demandé, à part les 21 euros pour l'acte salvateur qui avait eu lieu dans ma cavité buccale. Si vous vous imaginez que ça se passe aussi simplement à l'hôpital, vous vous trompez lourdement, même moi j'ai mis un certain temps pour réaliser, et je travaille sur place.
Bon, dans la chambre, dans le box, pendant la visite, en réa, je ne sais pas exactement ce qui se trame, tout ce que je vois ce sont les prescriptions, avec, au mieux, une étiquette établissant le nom, le prénom, la date de naissance, l'âge du malade, et la date de son entrée au CHU, au pire un numéro de lit assorti éventuellement d'un F (côté fenêtre) ou d'un P (côté porte). Normalement, une prescription d'antibiotique, ça se fait sur une ordonnance d'antibiotique, c'est comme ça. Exceptions à la règle : les antituberculeux (le traitement est tellement long qu'on fait une dérogation), et les demandes pour la Maison d'Arrêt (je ne sais pas précisément pourquoi). Alors, déjà, si la prescription est sur un autre support papier, ça ne marche pas, sauf si c'est dans le cadre d'un renouvellement, et qu'on a déjà en archive la demande originale (il faut bien sûr vérifier, et dans tous les cas, en plus, pour être certain de ne pas redonner un traitement déjà délivré la veille…).
Rien que ça, ça nous fait téléphoner dans les services toute la journée pour réclamer la bonne ordonnance. Pour faire plus simple, on va sauter les cas où il n'y aurait pas la signature du médecin, ou la date, ou le service… Concentrons-nous à présent sur la molécule prescrite. Les antibiotiques sont assez bizarrement classés sur une feuille pré imprimée, en fait par familles, sauf que ce n'est pas précisé (c'est une classification appelée didactique par les concepteurs…) et que l'on s'y perd facilement, le bon vieil ordre alphabétique aurait été plus évident pour tout le monde à mon avis.
Vous me suivez toujours ? Passons à l'étape suivante : la molécule est en italique ou non ? Elle a un astérisque ou non ? Astérisque : antibiotique à n'utiliser qu'en association (rifampicine…). Italique : c'est un antibiotique surveillé (linezolide, ceftazidime…), il faut l'avis de la CIAI (Cellule Interventionnelle Anti Infectieux) dans les 48 heures, pour vérifier la conformité aux AMM ou aux référentiels, ça peut être le passage de l'infectiologue dans le service, ou le dialogue par téléphone du référent avec le prescripteur, après consultation du dossier patient.
Disons que c'est une ordonnance bien remplie, avec la durée prévue du traitement, pour un médicament sans italique ni astérisque. Pour la voie orale, on donne volontiers jusqu'à 7 jours de traitement, 3 jours seulement si c'est pour la voie injectable. Quoique… la prescription arrive jeudi matin, pour de l'amoxicilline injectable, 1 gramme 3 fois par jour pendant une semaine, on ne va pas chipoter et donner 9 minables petits flacons, mais bien 15, pour que le service soit tranquille jusqu'au lundi, c'est sympa, non ? (pour l'infirmière, bien sûr, mais aussi pour le pharmacien de garde ce week-end là).
La délivrance des antibiotiques à l'hôpital, je vous assure, en plus d'être un léger casse-tête, c'est vraiment pas automatique.
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