LES PRINCIPAUX candidats à l’élection présidentielle, et François Hollande parmi eux, ont été réduits, pendant les trois premiers jours de la semaine dernière, à des rôles secondaires dont ils ne pouvaient se défaire qu’au risque de passer pour des diviseurs, alors même que, dans des discours très dignes, M. Sarkozy prônait clairement le rassemblement à l’occasion du deuil national. Dès lundi dernier, les candidats affirmaient tous qu’ils faisaient une pause dans la campagne, mais à peu près aucun n’a tenu sa promesse. Le constat est simple : pendant que M. Sarkozy faisait le président, les autres s’impatientaient, cherchant fébrilement le moyen de le priver d’une auréole que l’actualité venait de déposer sur sa tête.
Chef de l’UMP, Jean-François Copé a tiré la première salve. Un tir de défense contre ceux qui, François Bayrou en tête, avaient cru bon d’établir un lien entre les assassinats commis par Merah et le climat d’intolérance entretenu dans le pays par les pouvoirs publics. Ce qu’on a appris ensuite du jeune terroriste démontre plutôt qu’il a agi par narcissisme et ne s’est lancé dans sa folle équipée que pour faire parler de lui. Encore aujourd’hui, on ne dispose d’aucune preuve qu’il ait été aidé dans ses crimes par un quelconque réseau djihadiste. Un meilleur « climat » n’aurait par empêché les tueries de Toulouse et de Montauban.
Après la disparition de Merah, on a entendu toutes sortes de critiques, comme si les candidats se moquaient des appels à l’unité nationale. Ce qui est curieux, ce n’est pas que l’opinion se pose des questions, comme elle en a parfaitement le droit, c’est la logique qui structure l’argumentaire des partis de la majorité et de l’opposition. Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, qui s’est fait le défenseur acharné des principes juridiques et d’une démocratie solidement appuyée sur le droit, a expliqué qu’on ne peut pas arrêter un suspect sur de simples présomptions et qu’il faut des preuves. Même en cas d’urgence vitale ?
La sécurité remplace l’économie.
Au PS et chez les Verts, on a réussi ce tour de force : on a reproché à M. Sarkozy de bousculer la procédure et de n’avoir pas fait arrêter Merah plus tôt. Eva Joly, ancien juge d’instruction et gardienne en chef du droit pénal, a même trouvé incongru que Claude Guéant fût sur les lieux et s’exprimât avant ou à la place du procureur chargé de l’affaire. Cela témoigne, une fois encore, de l’incapacité de la candidate des Verts à se mettre en phase avec l’opinion publique : c’est l’absence de M. Guéant qui aurait soulevé des sarcasmes : les Français veulent qu’un ministre s’implique totalement dans une crise, qu’il fournisse un effort exceptionnel, qu’il soit présent sur les lieux du drame et qu’il se dévoue jour et nuit. Par ailleurs, on ne compte pas les centaines d’experts autodéclarés qui savent, mieux que la police, comment on déloge un forcené de son appartement. Comme tous les Français regardent la télévision, ils se prennent tous, désormais, pour des spécialistes des gaz lacrymogènes ou des caméras miniatures que l’on glisse sous les portes.
En réalité, si le siège de l’appartement de Merah a duré longtemps, c’est parce que le pouvoir voulait le prendre vivant. Et s’il n’y est pas parvenu, c’est parce qu’il aurait fallu prévoir des pertes inacceptables parmi les assaillants. En revanche, le problème posé par le délai beaucoup trop long qu’il a fallu pour identifier le tueur, pourtant fiché et reconnu comme dangereux, devra être résolu dans le cadre d’une enquête. M. Sarkozy veut de nouvelles lois pour réprimer la diffusion des idées intégristes dans la population, Mme Joly estime que nous avons tout ce qu’il faut, dans le code pénal, pour empêcher les dérives fondamentalistes.
Au total, l’affaire Merah profite-t-elle au président plutôt qu’à ses concurrents ? Ils sont tiraillés entre la critique systématique de l’action du pouvoir et l’impératif catégorique de louer les forces de sécurité, qui méritent notre gratitude, dès lors qu’elles sont amenées à prendre d’aussi grands risques. Ce qui est certain, c’est que les priorités de la campagne ont changé : la crise et le niveau de vie étaient au cœur du débat, ils sont remplacés par la sécurité.
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