« LA MUSIQUE BAROQUE (1600 – 1760) est gaie, mutine, joyeuse, sans apprêts, elle est loin de ce que deviendra plus tard, au XIX°, la musique classique, avec tout ce que comporteront les concerts et les salles de compassé, de sacré. Dans le baroque, le musicien et l’orchestre sont au milieu du public, avec lui, à hauteur d’homme, et cette musique incarne à merveille le plaisir, la sensualité aussi, sans oublier une certaine forme de transgression ! » Écouter parler Henri Machand de la musique baroque, c’est être à l’écoute de la passion, communicative, de la joie, et d’une certaine qualité d’amour inconditionnel pour une forme musicale dont l’incarnation emblématique reste Jean-Sébastien Bach. Que Henri Marchand considère comme « le plus grand », celui qui a su tout à la fois « absorber ce qui avait été inventé avant lui, mettre au goût du jour des thèmes grégoriens, écrire de la musique sacrée ou profane avec la même agilité, le tout au service d’une création à la dimension universelle que les années n’altèrent pas ».
Au départ, se souvient le pharmacien mélomane, compositeur lui-même pour des musiciens professionnels (clavecin, percussions, chœurs…), il y eut cette église romane, de l’autre côté de la route, juste en face de l’officine, à l’acoustique excellente. Puis, comme Dardilly est la commune de naissance du fameux curé d’Ars, et que les pèlerinages, nombreux, attiraient du monde, les villageois en financèrent une seconde. « Mais il n’y avait pas d’orgue, et nous avons donc commencé par là : doter l’église d’un petit orgue espagnol, le premier orgue baroque de tout le département. » Jusqu’en 1962, pour des raisons historiques - Lyon doit beaucoup à ses martyr(es) chrétiens -, il y eut dans la liturgie des messes célébrées dans tout le département un véritable « rite lyonnais spécifique » : « L’archevêché de Lyon avait décidé qu’il n’y aurait pas de musique dans les églises. Il faudra attendre le début des années 1960, et la « vocation mariale » de Lyon, pour que le département se mette au diapason du reste du pays, et que la musique y fasse son apparition ! »
Les « Vendredis baroques de Dardilly » ont, au fil du temps, acquis leurs lettres de noblesse, et leur réputation, flatteuse, dans le milieu des musiciens professionnels : des musiciens qui viennent de toute la France et de l’étranger, et un public de passionnés de tout l’hexagone.
Musique moderne.
« Le goût pour le baroque est récent, précise Henri Marchand, il date tout au plus des années soixante, et méfiez-vous des idées reçues : samedi dernier, au concert, des quinquagénaires côtoyaient de jeunes couples avec poussette, notre public est vraiment de toutes les générations, à l’exception, peut-être, des jeunes ados ! ». On notera, autre idée reçue battue en brèche, que la moyenne d’âge des musiciens professionnels des orchestres baroques, en Europe, est de 35 ans. Contre 45 dans les orchestres classiques. Il y a à cela, peut-être, une raison qui tient à cœur au pharmacien de Dardilly : tout comme la musique contemporaine, le baroque affiche le même souci primordial pour le son. L’humanité et la vitalité du musicien, et de son instrument, font la richesse exceptionnelle d’un concerto. « Vous entendez parfois des gens vous dire, après un concerto de Bach, qu’on a à peine entendu le clavecin. Mais c’est voulu ! Bach l’a voulu ! C’est lorsque vous n’entendez plus le clavecin, lorsqu’il arrête de jouer, que vous prenez pleinement conscience de son rôle prépondérant dans la partition : tout comme vous réalisez à quel point un être cher vous était important avant sa disparition, c’est quand vous ne l’entendez plus que vous comprenez l’importance de l’instrument phare. Dans les orchestres symphoniques, où trente violons côtoient vingt autres instruments, cette « distinction » du son est noyée. » La musique baroque, elle, magnifie l’instrument, tout en se prenant moins au sérieux. Son seul principe, constant, pourrait être baptisé plaisir.
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