LE QUOTIDIEN - Comment analysez-vous la stagnation de l’activité de prélèvement et de greffe en 2008 ?
EMMANUELLE PRADA-BORDENAVE - On aurait évidemment préféré qu’il y ait une progression, mais ce n’est pas la première fois qu’il y a un tassement et que ça repart après. Nous sommes très confiants dans le fait que l’objectif fixé, qui est de 5 000 greffes en 2010, n’est pas hors-de-portée et sera atteint.
Quels sont les moyens pour y arriver, en dehors de la campagne d’information qui se déroule actuellement sur le plan national ?
La campagne est quand même un moyen très important parce qu’elle touche le grand public et que l’on sait, à travers l’exemple espagnol, que plus les gens sont informés, plus ils sont sensibilisés et plus ils en parlent autour d’eux et plus, ensuite, le prélèvement se fait dans des conditions faciles, sans opposition des proches.
Pourtant le taux d’opposition reste toujours le même en France, autour de 30 %...
Il a déjà beaucoup baissé, mais, c’est vrai, il stagne à 30 % et l’on voudrait qu’il passe en dessous. D’un autre côté, on peut également voir que c’est 70 % de oui. Trouvez-moi une procédure dans laquelle 70 % des gens sont d’accord pour faire un don : il n’y en a pas beaucoup. On aimerait que les gens parlent entre eux de ce sujet pour qu’il y ait moins d’hésitation au moment du décès.
Ce message, d’en parler autour de soi, est d’autant plus important à faire passer que vous pouvez constater dans les chiffres que l’âge moyen des donneurs prélevés monte (il approche aujourd’hui 52 ans, soit presque deux ans de plus qu’en 2007, NDLR). Il arrive donc très couramment que des donneurs de 70, 75, 80 ans soient prélevés. Lorsque ces personnes décèdent, c’est bien sûr un drame dans la famille, mais si elles en avaient parlé calmement auparavant, je pense que les proches - qui sont des gens d’un certain âge qui ne subissent pas le même cataclysme que quand un enfant de 16 ans se tue en moto - respecteraient évidemment la volonté du défunt. Il n’y aurait aucun doute.
Quels sont vos autres axes d’action pour faire progresser l’activité ?
Nous souhaitons développer également le prélèvement sur donneur décédé après arrêt cardiaque. Vous savez que le ministre de la Santé nous avait demandé d’arrêter le développement de ce programme. Mais en décembre dernier, au vu des conclusions du rapport du Pr Bruno Riou (anesthésiste-réanimateur à la Pitié, Paris), le feu vert nous a été donné à la reprise du développement de cette activité. Nous allons donc la déployer dans différents CHU. Le premier prélèvement de ce type, basé sur un protocole élaboré par l’Agence, a eu lieu en octobre 2006. En 2008, 52 greffes rénales ont été réalisées(43 en 2007).
Nous allons également mettre en application la possibilité de prélèvement pour le foie. Cela nous donnera une source de greffons importante. Par ailleurs, nous avons pris conscience de la nécessité de développer l’activité de prélèvements sur donneurs vivants pour le rein - le foie et le poumon restent à part, ce sont des cas très particuliers. À notre avis, pour cette activité, l’information des malades doit être réalisée relativement en amont, même à distance de la greffe : nous réfléchissons à une action concertée avec les caisses de sécurité sociale ou avec des centres de soins. Il faut aussi accompagner les équipes de greffe en mettant à leur disposition des personnels spécifiques. Il faut que des moyens soient donnés pour cette activité des donneurs vivants.
Vous y croyez ?
J’y crois d’autant plus qu’une greffe de rein, ça coûte une année de dialyse mais ça en économise 15 et ça rend un homme à l’activité. C’est un message que nous faisons passer auprès des pouvoirs publics.
Et enfin, notre dernier axe d’action est la formation du personnel hospitalier, qui va connaître cette année un nouveau développement. Il faut savoir que le nombre de personnes formées par l’Agence de la biomédecine a été multiplié par trois en trois ans. Mais jusqu’à présent, on ne touchait pas les chirurgiens préleveurs. En liaison avec les sociétés savantes, nous allons mettre en place une école francophone de prélèvement, afin d’enseigner sur place les bonnes pratiques.
Exergue
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