Si l’étude américaine conclut à l’inverse du travail européen sur l’intérêt du dépistage du cancer prostatique, elle en diffère aussi sensiblement au plan méthodologique.
En effet, l’équipe du « PLCO project » (Prostate, Lung, Colorectal and Ovarian) a enrôlé de 1993 à 2001 des hommes et des femmes de 55 à 74 ans pour l’étude des 4 lésions cancéreuses. Dans cette cohorte 76 693 hommes ont été répartis en deux groupes. L’un de 38 343 individus bénéficiait d’un dépistage annuel par toucher rectal, pendant quatre ans, et PSA, pendant six ans ; l’autre, 38 350 sujets, servait de témoin et avait des soins usuels.
La conclusion des chercheurs est simple : « après sept à dix ans de suivi, le taux de décès par cancer de la prostate est très bas et ne diffère pas de façon significative entre les deux groupes. » Effectivement à sept ans, l’incidence des décès était de 2 pour 10 000 (n = 50) pour les hommes dépistés contre 1,7 (n = 44), avec des résultats similaires à dix ans. « Cependant les intervalles de confiance entourant ces estimations sont larges », constatent les auteurs.
Quant aux explications sur ce résultat peu conforme aux attentes, elles sont multiples. Le seuil de PSA était fixé à 4 ng/ml, contre 3 dans l’étude européenne (les tumeurs détectées à moins de 4 ng/ml sont de bon pronostic) ; 44 % des hommes des deux groupes avaient eu auparavant des dosages du PSA, éliminant des sujets déjà atteints ; au cours des dix ans de suivi les progrès thérapeutiques ont réduit le nombre de décès ; le suivi n’est peut-être pas assez long en raison de la précocité du dépistage (l’étude devrait durer au moins treize ans).
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