DEPUIS le mois de juin dernier, la commune de Merdrignac, dans les Côtes d’Armor, ne dispose plus que d’une seule officine. La pharmacie de la madeleine, détenue par Hélène Henry et Armelle Philippe, a racheté la pharmacie Tanguy, dont la titulaire, Brigitte Tanguy, partait à la retraite. « Elle nous a proposé de racheter sa pharmacie », indiquent les deux titulaires. « Dans le contexte national dans lequel évoluent les pharmacies, avec la volonté affichée du gouvernement de réduire le nombre des officines en France, c’était l’occasion de répondre à notre niveau à cette tendance », évoque Armelle Philippe. La décision de racheter la pharmacie Tanguy a donc été prise, et s’il fut question à un moment de conserver les deux sites, après réflexion et études, il s’est avéré que ce n’était pas viable financièrement. Mais pour tout le reste, ce rachat donne toute satisfaction aux deux titulaires. Dans un contexte où les marges baissent, cela a permis de réaliser des économies d’échelle et d’obtenir de meilleures remises auprès des laboratoires.
Intégration réussie.
Mais ce ne fut pas néanmoins sans avoir été confrontées à certaines difficultés, la première étant sans doute liée à la perception qu’auraient pu en avoir les autorités municipales et la population de la commune. « Une mairie n’aime pas voir des commerces fermer, commente Armelle Philippe, nous avons donc anticipé et, dès la demande à l’agence régionale de santé, nous avons eu un rendez-vous avec la maire et la cédante. »
« Ce n’est pas facile d’expliquer car les arguments économiques ne sont pas toujours compris, il a fallu surmonter quelques blocages, nous avons notamment invité les élus dans nos locaux », précise Armelle Philippe. Le temps semble avoir permis de surmonter les réticences, grâce surtout à l’intégration réussie de l’équipe de la pharmacie Tanguy, composée de trois préparatrices et d’une adjointe. « Des patients qui n’avaient jamais franchi le seuil de notre pharmacie ont été contents de voir leurs anciennes préparatrices et, dans la mesure où l’intégration de ces dernières s’est bien passée et où la bonne humeur se fait sentir au comptoir, les patients sont satisfaits », explique Hélène Henry. L’intégration de ces quatre nouvelles collaboratrices s’est bien passée, la surface commerciale étant assez grande, 100 m2 environ, et le back-office aussi. Il a fallu ajouter deux comptoirs et aménager les réserves. L’équipe de la pharmacie est désormais composée de onze personnes, dont sept à huit présentes au quotidien.
Parmi les autres difficultés rencontrées, il y a eu la négociation du prix d’acquisition. « Nous avons été un peu seules parfois, se souvient Armelle Philippe, nous avons été surprises de voir que les acquisitions étaient encore souvent indexées au chiffre d’affaires des officines à céder et non sur l’excédent brut d’exploitation, mais nous avons pris conseil auprès d’un expert-comptable qui connaît bien le monde de la pharmacie, cela nous a aidées. » Les relations avec l’administration n’ont pas été faciles non plus, ce rachat coïncidant avec la création des agences régionales de santé, il y a eu quelques tâtonnements, pour découvrir que, au bout du compte, les choses étaient assez simples. Pas de changement de statut, la société reste une SNC, pas de changement au niveau de la carte CPS ni du numéro accordé par l’Ordre. Quelques difficultés au plan informatique car, même si les deux pharmacies étaient chez le même éditeur, la pharmacie Tanguy possédait une version plus ancienne et la migration a conduit à quelques pertes de données, rien de grave cependant, les principales données historiques ayant été récupérées.
En revanche, les deux pharmaciennes n’ont eu aucune difficulté à trouver des financements auprès des banques. « Elles ont été convaincues par notre projet d’inclure le projet de fusion sur le même site », estime Hélène Henry. L’acquisition a également été facilitée par les bonnes relations avec la cédante, pour laquelle il était important de retrouver un repreneur, pari difficile par les temps qui courent.
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