« LA CÉRAMIQUE allie un côté sensoriel, créer, toucher, voir des formes, et un côté chimiste en créant des émaux, des mélanges sans savoir où l’on va. Il faut peser, c’est rigoureux comme en pharmacie, ou dans le droit. » En quelques mots, Catherine Le Baron résume ses passions, sa formation, sa carrière, ses ambitions. Elle était céramiste amateur avant de délaisser ce loisir d’alors pour ses études de pharmacie. Diplôme en poche, doublé d’un DESS de droit de la santé, elle travaille pendant dix ans dans l’industrie, avant de s’en détourner pour son mari, pharmacien à Saint-Etienne-du-Rouvray, près de Rouen (Seine maritime), et pour s’occuper de sa propre officine qu’elle tiendra trois ans dans la même ville. Entre-temps, elle retrouve la céramique, et choisit alors de devenir salariée à mi-temps dans la pharmacie de son mari, consacrant son autre mi-temps au métier de céramiste.
Elle retourne alors à l’école, prépare un CAP, crée des formes et des couleurs, dans son « atelier de fond de jardin » et expose de plus en plus. Un atelier joliment appelé « Sur les chemins du Ginkgo », du nom du ginkgo biloba, l’arbre le plus vieux du monde, dont la feuille est le symbole de la ville de Tokyo, et que Catherine Le Baron reproduit à satiété, de toutes les couleurs, et qui remplissent sa maison. La feuille de ginkgo était aussi le composant du produit phare d’un laboratoire où elle a travaillé cinq ans.
80 essais pour une nouvelle teinte.
« L’atelier et le tour ont été des cadeaux de départ. Au fond du jardin, je tourne, j’étudie la chimie des émaux cuits à haute température. » L’émail est un silicate, comme le verre, explique Catherine Le Baron. Teinté par des oxydes, il se colorie à la cuisson : une table est couverte de petites tuiles, autant d’essais soigneusement répertoriés. « J’ai aussi des recettes qui me sont propres, précise-t-elle, comme cette teinte dorée découverte au bout de quatre-vingts essais. »
Très organisée, elle fait ainsi connaissance avec le raku, en japonais « le bonheur dans le hasard ». C’est une technique de cuisson au four à gaz : sans descente de température, le biscuit est sorti du four avec un choc thermique, de 1 000 °C à la température ambiante, plongé dans un bac de copeaux de bois qu’il enflamme et dont la fumée va envahir les craquelures dues au choc. Il en résulte une infinité de marbrures grises, aléatoires.
« La céramique est un tout, explique-t-elle. Une forme, celle que la main donne à la terre, et une finition, l’habit qu’apporte l’émail. » C’est surtout une longue pratique puisqu’il lui faut battre la terre, la modeler, la tourner, la laisser sécher, l’ébarber, la cuire, la peindre, la recuire. « Avec beaucoup d’impondérables, de casse aussi. J’aime beaucoup expliquer, reprend Catherine Le Baron qui fait de plus en plus d’expositions. Je sais faire de la poterie utilitaire, des pots, des vases, mais je cherche plutôt le design, la déco, suivre ma passion. Sur le chemin du Ginkgo signifie aussi que je veux aller vers ce qui me plaît, comme un chemin de vie. Je ne veux plus perdre ma vie à la gagner ! »
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Un tour, un four, des poteries en cours ou des essais, voilà l’atelier de fond de jardin, où la céramiste passe des journées entières
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