POUR ÊTRE INVESTI par le parti républicain, un candidat doit avoir 1 144 délégués. Au lendemain du super-Tuesday, M. Romney en comptait 354 contre 147 à son principal challenger, Rick Santorum, dont la percée est indéniable (87 à Newt Gingrich et 54 à Ron Paul). Ancien sénateur de Pennsylvanie, M. Santorum l’a emporté dans six États contre 13 pour M. Romney et 2 pour M. Gingrich. Cependant, le nombre des États est moins important que le nombre de délégués car le parti républicain a remplacé la règle du winner-take-all, sorte de scrutin majoritaire en vertu duquel le candidat en tête obtient tous les délégués de l’État, par une proportionnelle qui accorde à chaque candidat en lice le nombre de délégués correspondant au nombre de suffrages qu’il a recueillis.
Deux effets.
Cette nouvelle règle a deux effets : elle permet aux candidats de rester dans la course aussi longtemps qu’ils engrangent des voix. Ils peuvent donc n’enlever aucun État mais accumuler des délégués. Mais elle permet aussi à celui qui fait la course en tête d’obtenir des délégués, quand il n’arrive que deuxième ou troisième. L’autre nouveauté de ces primaires est une décision de la Cour suprême fédérale d’accorder à des super-PAC (political action committee) le droit de financer sans limite une campagne pour autant que ces super-PAC n’aient aucun lien direct avec un candidat. Dans ce domaine aussi, Mitt Romney est celui des candidats qui dispose le plus d’argent. Ni M. Santorum ni M. Gingrich ne peuvent comparer leur fortune personnelle à celle de M. Romney et ils ne reçoivent pas autant de dons que lui.
La campagne se déroule sous le signe d’une démagogie sans précédent. Les publicités télévisées négatives sont devenues l’instrument numéro un de la bataille électorale et le débat ne porte jamais sur le fond ou sur l’avenir des États-Unis, mais sur les tares du personnage qu’il s’agit de disqualifier. M. Romney, qui n’est pas exactement un bateleur, laisse son équipe se charger du sale travail et assassiner moralement ses rivaux (il subit à son tour quelques coups au-dessous de la ceinture). En même temps qu’il cultive son image d’homme sérieux et de seul républicain capable de battre le président Obama, il ne manque pas de rappeler le passé sulfureux de M. Gingrich (qui a dû démissioner de son poste de député dans les années 90 pour des raisons éthiques) et de dénoncer, dans tous les termes possibles, l’incapacité de M. Santorum à diriger le pays.
Ce n’est pas faire un pronostic téméraire que de croire à la victoire de M. Romney au terme des primaires, ne fût-ce que parce que le parti républicain ne veut pas d’un candidat fantaisiste à la présidence, qui s’effondererait devant Barack Obama. Le pire, pour le parti, serait la victoire d’un homme comme M. Gingrich qui serait laminé par l’équipe de M. Obama, lequel serait fondé à rappeler que cet ancien speaker de la Chambre a harcelé Bill Clinton pour ses frasques sexuelles alors que lui-même était marié mais avait une maîtresse. M. Santorum, catholique bon teint et parangon de vertu, n’a pas ce défaut ; mais il défend des idées excentriques, souvent inapplicables, qui feraient reculer la majorité silencieuse. En dépit de tout ce qui se dit d’insensé pendant cette campagne, en dépit des contradictions de ceux qui reprochent à Obama son enlisement en Afghanistan mais préconisent la guerre avec l’Iran, en dépit de l’écartèlement des Tea parties entre leur aversion pour Wall Street ou les banques et le fait qu’ils ne sauraient élire un dirigiste, le parti républicain a besoin d’un candidat de centre-droit à opposer au président de centre-gauche. On a cru que les Tea parties allaient renverser la table. Ils n’en ont rien fait et leurs plus grandes figures de proue, comme Michelle Bachman ou Sarah Palin, appartiennent déjà au passé. Les minorités américaines sont parfois très visibles mais elles demeurent minoritaires.
Enfin, les républicains ont commis une lourde faute en faisant du contrôle de l’immigration l’une de leurs obsessions. Ils se sont mis à dos l’électorat hispanique qui, pourtant, n’est pas forcément démocrate. L’inconvénient majeur de ces primaires républicaines, c’est que, à cause de l’acharnement des candidats à se discréditer les uns les autres, ils ont donné d’excellents thèmes de campagne aux démocrates.
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