L’ayahuasca ou yagé est un breuvage hallucinogène préparé par des chamanes en Amazonie, avec un mélange de deux plantes : Psychotria et Banisteriopsis.
Plantes de la forêt amazonienne, Psychotria viridis ou P. carthaginensis sont des arbustes couverts de feuilles allongées et luisantes sur la partie supérieure. Banisteriopsis caapi (ou B. inebrians) est une liane robuste aux grandes feuilles ovales qui grimpe jusqu’à la cime des arbres.
L’effet hallucinogène n’est obtenu que lorsque les deux plantes sont associées car les feuilles de Psychotria renferment de la dimétyltryptamine (DMT) induisant de fortes hallucinations au niveau cérébral, qui est dégradée par des enzymes de telle sorte qu’elle est peu disponible dans le cerveau. Ce sont en fait les bêtacarbolines comme l’harmine présentes dans la liane Banisteriopsis, qui évitent la dégradation de la DMT par les systèmes enzymatiques. Trouver la synergie entre ces deux plantes parmi les milliers d’espèces de la forêt amazonienne montre la pertinence exceptionnelle des savoirs indiens dans ce domaine.
La préparation ayahuasca est composée de la décoction de la liane, débarrassée de son écorce et réduite en poudre, additionnée de feuilles de Psychotria. Selon les ethnies, d’autres plantes sont parfois ajoutées comme Brugmantia, une sorte de datura arborescent riche en dérivés atropiniques, ou Nicotiana tabacum, le tabac amérindien très riche en nicotine.
La cérémonie rituelle se déroule de nuit après une diète de plusieurs jours sous le contrôle d’un chamane qui organise la séance avec ses chants et contrôle la prise des doses.
Formation des chamanes
L’ayahuasca commence par induire des vomissements importants suivis de visions agréables, transcendantes, kaléidoscopiques et parfois terrifiantes avec l’apparition dans les rêves des deux prédateurs indiens : le serpent anaconda et le jaguar.
Les Indiens disent que les dieux ont donné l’ayahuasca aux hommes pour qu’ils puissent libérer l’âme de leur corps, voyager en eux-mêmes et dialoguer avec l’esprit des ancêtres.
Les séances d’ayahuasca appartiennent aux traditions rituelles ayant plusieurs fonctions : former les jeunes chamanes en leur permettant d’accéder à la connaissance des plantes qui soignent et traiter des patients en leur apprenant à mieux se connaître et à faire ressurgir des éléments de l’inconscient.
Les dérivés de l’harmine de Banisteriopsis inhibent les monoamines oxydases responsables de la dégradation de la DMT de Psychotria dans l’intestin. La DMT passe alors dans le sang et se fixe sur les récepteurs de la sérotonine dans le cerveau. Il n’y a pas de dépendance physique à l’ayahuasca.
Le recours à des substances hallucinogènes trouve un intérêt dans le traitement des addictions et de la dépression comme le montrent des études cliniques menées dans les années soixante et 2000 dans le cadre d’un protocole associant psychothérapie et séances d’hallucinations.
Au Pérou, le centre Takiwasi dirigé par le docteur Jacques Mabit prend en charge des patients avec des addictions à l’héroïne, à l’alcool, à la cocaïne ou aux amphétamines. Après un sevrage rapide, ils sont traités par des purges, des séances d’ayahuasca et un accompagnement psychologique pendant plusieurs semaines.
Le potentiel thérapeutique de ces pratiques mériterait d’autres évaluations cliniques.
Plantes des dieux, des démons et des hommes (2019) Fleurentin J., Éditions Ouest France, 208 p.www.ethnopharmacologia.org
Insolite
Épiler ou pas ?
La Pharmacie du Marché
Un comportement suspect
La Pharmacie du Marché
Le temps de la solidarité
Insolite
Rouge à lèvres d'occasion